Les assises nationales consacrées à la réforme fiscale se tiendront à partir d'aujourd'hui et pour trois jours au Centre international de conférences (CIC) à Alger. Selon le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, qui en a fait l'annonce, hier, lors de son passage à l'émission "L'invité de la rédaction" de la radio Chaîne III, cette rencontre est "une première en Algérie". Pour le ministre, la réforme fiscale escomptée vise à aplanir l'ensemble des difficultés observées et à lever l'ensemble des verrous bureaucratiques qui font que les contribuables fuient l'impôt. Estimant que "l'élargissement de l'assiette fiscale n'est pas tel que souhaité", le ministre a souligné qu'il y a une pression fiscale qui s'exerce sur une certaine catégorie d'opérateurs, ajoutant qu'il était anormal que la fiscalité ordinaire soit majoritairement constituée par une retenue à la source, sous la forme d'un impôt sur le revenu. Il a indiqué, à ce titre, qu'il s'agit, désormais, d'élargir l'assiette fiscale en reconsidérant, notamment, le fichier national du contribuable et en faisant un recensement juste et annuel de la population fiscale pour renforcer les capacités de recouvrement. Selon lui, il n'y aura pas d'augmentation d'impôts, mais plutôt l'élargissement de la base. Ce qui va donner plus de recettes et plus de ressources et rendre l'impôt plus juste, a-t-il ajouté. Plusieurs franges de la société sont actuellement en dehors de la sphère fiscale, a déploré Aymen Benabderahmane. Ces franges, a-t-il estimé, ne sont pas réticentes à l'impôt, mais elles n'ont pas été approchées par les services fiscaux. L'administration se doit de faire son travail d'approche et de sensibilisation envers cette population qui, selon lui, a toute la volonté d'intégrer le système fiscal. La réforme souhaitée par le ministre devrait se faire avec l'adhésion de tout le monde. "Nous allons œuvrer pour qu'il y ait un apport mutuel de la part de tous les intéressés par la sphère fiscale. Tout le monde sera invité lors de ces assises", a-t-il indiqué. Et d'ajouter : "Nous voulons des gens qui contribuent et non des personnes imposables. Des gens qui adhérent à l'impôt, parce qu'adhérer à l'impôt, c'est adhérer à l'effort de bâtir la nation et la nouvelle économie." Cette réforme fiscale constitue la première d'une série que comptent mettre en œuvre les pouvoirs publics. Ce processus intègre également la réforme bancaire et concomitamment la réforme budgétaire, déjà amorcée, en vue de la rationalisation de la dépense publique. En effet, malgré les efforts de réformes et l'injection de technologies dans les transactions bancaires, l'on constate une stagnation dans la pratique bancaire, a déploré le ministre, qui a ajouté que "nos banques ont été réduites à l'état de tiroir-caisse". Le but de la réforme bancaire, a-t-il expliqué, est d'implémenter des systèmes de gouvernance qui vont aller de l'avant et qui permettront l'éclosion de l'innovation et la mise sur le marché de nouveaux produits à même d'assurer cette inclusion financière qui "nous tient tant à cœur". Le marché obligataire n'est pas en reste puisque le ministre a annoncé une refonte de ce dernier. "Il y aura une réforme totale de la vision actuelle du marché boursier", a-t-il précisé.