Dans cet entretien Iddir Abderrazak, vice-recteur chargé de la post-graduation et de la recherche scientifique à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, nous explique comment l'université envisage la rentrée 2020-2021 si la pandémie de coronavirus venait à persister. Liberté : Cinq mois après son apparition en Algérie, la pandémie de coronavirus continue toujours de sévir de manière forte. Si d'ici à la rentrée universitaire 2020- 2021, la situation demeure en l'état, comment l'université compte-t-elle y faire face pour ne pas compromettre la rentrée ? Iddir Abderrazak : La pandémie mondiale de Covid-19 a contraint le secteur de l'enseignement supérieur à prendre une série de mesures visant à organiser la reprise des enseignements et de la pédagogie. À ce titre, le ministère de l'Enseignement supérieur et de Recherche scientifique a élaboré un mode opératoire cadre (protocole cadre), institué par l'arrêté n°453 du 15 juillet 2020 portant création d'une cellule centrale et d'une cellule locale de suivi de clôture de l'année universitaire 2019-2020 et de la rentrée universitaire 2020-2021. C'est ainsi que M. le recteur a créé une cellule locale au sein de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, présidée par le recteur, et comportant le secrétaire général de l'université, les vice-recteurs, le doyen de la faculté de médecine, les directeurs des œuvres universitaires, etc.
Peut-on savoir quelles seront concrètement les missions de cette cellule locale ? La cellule locale de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a pour missions d'élaborer un protocole spécifique relatif à la reprise des activités pédagogiques, qui doit s'inscrire dans les dispositions du protocole cadre, suivre l'exécution du protocole spécifique, de coordonner et de se concerter avec les autorités locales (wilaya, daïra, APC, DSP, etc.) en ce qui concerne les questions inhérentes aux mesures sanitaires. Quelles sont par exemple les mesures que cette cellule locale pourrait prendre dans le cadre de ce protocole spécifique ? La pandémie de Covid-19 qui exige de repenser l'acte pédagogique et le travail entrepris par la cellule locale de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, s'inscrit dans ce nouveau paradigme, en se basant sur les orientations du protocole cadre du ministère de l'Enseignement supérieur et de Recherche scientifique. À titre d'exemple, l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou envisage, pour l'année universitaire 2020-2021, de dispenser les cours en ligne via les plateformes pédagogiques, par transmission télévisée et autres supports médiatiques. S'agissant de l'enseignement en présentiel, il y a lieu de préciser que ce mode n'est envisagé que lorsque les conditions sanitaires le permettront et dans le respect des normes établies : désinfecter périodiquement les locaux pédagogiques et administratifs ; assurer l'aération et l'hygiène des locaux ; réglementer la circulation au sein des campus ; interdire les regroupements ; exiger le port obligatoire de bavette ainsi que le respect de la distanciation physique par toute la communauté universitaire ; augmenter les points de lavage des mains, etc. Le recteur, en concertation avec les instances pédagogiques, affine, au fur et à mesure de l'évolution de la situation sanitaire, le dispositif opérationnel de reprise. Dans ce cas de figure, il est préconisé d'organiser les enseignements en présentiel par vagues d'étudiants et par périodes bloquées. Pensez-vous que sans une stratégie de communication fiable, ce dispositif opérationnel suffira à convaincre les étudiants et les enseignants de reprendre le chemin de l'université à la rentrée ? Conscients des responsabilités pédagogique, scientifique, sociale et sociétale de l'université, nous nous efforçons de communiquer avec toute la communauté universitaire et les différentes composantes sociales qui ont un lien direct ou indirect avec notre université, en leur fournissant des informations fiables et valides. En ces temps de crise sanitaire planétaire, la rumeur, la désinformation et les comportements de panique aggravent davantage la situation, à tel point que Bruno Lussato, un expert en management, qualifie la rumeur de "cancer de l'information". Dans toute cette atmosphère de doute et de confusion, nous tenons à rassurer la communauté universitaire que ces mesures spécifiques et préventives pour faire face à la pandémie du Covid-19 ne sont pas absolues, étant donné qu'elles sont souples, flexibles et adaptatives en fonction de l'amélioration de la situation sanitaire et en veillant au respect d'un "Smig pédagogique". À titre illustratif, les étudiants qui n'ont pas eu accès aux cours en ligne auront des supports pédagogiques et leurs absences éventuelles aux TD ou TP ne seront pas comptabilisées lors de la reprise des enseignements en présentiel. La pandémie de Covid-19 a bouleversé nos modes de vie et nos comportements, et le monde universitaire a eu abondamment recours aux nouvelles technologies d'enseignement (visioconférence, cours en ligne, télé-enseignement, etc.). Cette tendance perdurera dans le monde actuel, caractérisé par la recrudescence de conflits, de crises sanitaires et de crises économiques. Le triptyque : la formation dans les technologies de l'enseignement à distance, l'information et la communication sont un impératif pour gérer l'université d'aujourd'hui dans un environnement sans cesse changeant, instable et imprévisible.