L'enjeu de la sécurité alimentaire, devenue l'un des socles de la souveraineté nationale, a poussé le gouvernement à insérer l'agriculture saharienne dans sa stratégie agricole et sa politique économique. Convaincu de l'important apport de la région du sud du pays dans la production agricole nationale, l'Exécutif accorde davantage d'intérêt à l'agriculture saharienne. Il est envisagé même la mise en place, en extrême urgence, au niveau d'une université du Sud, d'un institut spécialisé dans l'agriculture saharienne, en faisant appel, au besoin, à la coopération internationale avec les partenaires étrangers qui ont acquis une expérience avérée dans le domaine. L'agriculture oasienne continue de faire ses preuves en contribuant remarquablement au renforcement de la sécurité alimentaire du pays. Les oasis sont, faut-il le préciser, des agrosystèmes complexes construits par une concentration humaine autour d'un point d'eau dans un milieu aride, voire hyper-aride. La maîtrise de la protection et du développement de l'agriculture oasienne suppose l'exploitation systématique des réserves en eaux souterraines. Leur durabilité est inconcevable sans une irrigation quasi continue. L'activité économique est axée principalement sur la phoeniciculture, un patrimoine alimentaire, économique, social, environnemental et historique, et un facteur de stabilisation des populations. L'évolution de l'organisation sociale des oasis influe fortement sur leur évolution technique et économique. Les oasis traditionnelles deviennent de plus en plus contraignantes et inadaptées avec des conséquences, voire l'abandon des oasiens. D'où la décision prise par Mohamed Bouchentouf, ingénieur-docteur en agronomie, de créer une ferme-pilote écologique et innovante, "La Clé des oasis". Cette ferme vitrine, comme l'explique le Dr Bouchentouf, se veut, en fait, une exploitation agricole basée au sud-ouest du pays dans la région naturelle du Gourara à 210 km du chef-lieu de la wilaya d'Adrar. Cette ferme se situe à proximité de la localité dénommée Badriane à une distance d'environ 14 km au nord-est du chef-lieu de la commune de Timimoun ou Oasis rouge, sur la nouvelle route qui mène à Oran en passant par Tinerkouk avec de splendides paysages captivants et un tronçon d'environ 200 km d'océan de sable. Le projet s'inscrit dans un modèle agroécologique qui consiste, dans une première étape, en la réhabilitation de la palmeraie, en la valorisation, la conservation, le réaménagement du réseau hydraulique et la valorisation et modernisation de la ferme, issue de l'Accession à la propriété foncière agricole (APFA) d'une superficie d'environ 15 000 m2. Cependant, des contraintes ou des menaces pèsent sur la durabilité des oasis, notamment le foncier, la monoculture, les mauvais rendements, l'érosion de variétés locales, les maladies, la mauvaise gestion de l'eau et des sols, la salinité, les systèmes d'irrigation inadaptés, la forte évapotranspiration potentielle, la disparition du métier d'agriculteur et de la femme oasienne, le manque de main-d'œuvre qualifiée, les risques naturels et écologiques, l'électrification, l'accès aux pistes, l'irrégularité et le faible accompagnement technique et commercial des producteurs, le faible développement des filières de production, l'individualisation des modes de gestion et d'exploitation. Autant d'écueils qu'envisage de lever le Dr Bouchentouf grâce aux nouvelles technologies.