Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a ordonné l'ouverture "immédiate" d'une enquête sur des troubles liés aux manifestations de juillet dernier dans la capitale Bamako et la mise en place d'un fonds d'indemnisation des victimes de la crise sociopolitique, en signe d'apaisement envers une opposition déterminée plus que jamais à obtenir sa démission malgré la pression régionale et internationale, ont rapporté les médias maliens. Lors du premier Conseil des ministres du "gouvernement restreint", tenu samedi, le Premier ministre malien, Boubou Cissé, a résumé en cinq axes majeurs la feuille de route du gouvernement, disant que la première instruction du chef de l'Etat est de "travailler au retour de la normalité, de la concorde et de la paix". Le président malien a en outre demandé l'ouverture "immédiate" d'une enquête "minutieuse et crédible" sur les pertes en vies humaines à Bamako, à Kayes et à Sikasso, survenues lors des dernières manifestations. Ces investigations doivent être suivies de la mise en place d'un "fonds d'indemnisation des victimes de la crise sociopolitique ou de leurs ayants droit après une étude de la situation", a fait savoir Cissé au cours de la réunion. Ces enquêtes concernent également les "atteintes aux biens publics et privés". La nouvelle équipe doit aussi travailler à la "création des conditions favorables à la formation d'un gouvernement d'union nationale", a-t-il ajouté. Le président Keïta assigne cette feuille de route au moment où le M5-RFP, une coalition hétéroclite de chefs religieux, politiques et de la société civile, continue de réclamer sa démission et appelle à un "nouveau rassemblement" pour demain mardi. La radicalisation de la position du M5-RFP intervient dans le sillage de la répression meurtrière des manifestations des 10 et 11 juillet dernier, et après les menaces de sanctions émises par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à l'égard de tous ceux qui entraveraient la mise en œuvre de son plan de sortie de crise. Le M5-RFP a rejeté en bloc les recommandations de la Cédéao et a décidé de maintenir la pression sur IBK jusqu'à l'obtention de sa démission.