Ils ont, depuis des semaines, au chevet des malades atteints de Covid-19, confinés à domicile depuis que les établissements de santé ont commencé à "afficher complet". Il est des gens dont la noblesse de la mission force toujours l'admiration. Ils sont faits pour redonner le sourire aux lèvres déprimées et semer à tout vent l'espoir et le bonheur dont ils n'ont que l'ombre. Présents surtout dans l'action caritative, ils travaillent d'arrache-pied rien que pour voir se manifester sur le visage des esprits souffreteux, accablés par un virus extrêmement virulent, un brin d'allégresse, quitte à exposer leur vie au danger. Ceux-là sont bien nombreux à Biskra, comme partout ailleurs, et la pandémie de coronavirus, contre laquelle ils continuent toujours de lutter inlassablement, les a propulsés sous les feux de la rampe. Sami Laouar et Meriem Douffi en sont le meilleur exemple, illustrant à merveille cette majestueuse solidarité citoyenne. Ils sont, depuis des semaines, au chevet des malades atteints de Covid-19, confinés à domicile depuis que les établissements de santé ont commencé à "afficher complet". "Nous sommes, mon collègue et moi, sur le front de lutte depuis le 15 juin dernier, date à laquelle le coronavirus a commencé à frapper fort, vu le débordement qu'ont vécu les hôpitaux de Biskra réservés à la prise en charge des cas positifs, période aussi où l'on enterrait nos nombreuses victimes. Nous avons décidé, en coordination avec d'autres collègues et acteurs de la société civile, de prendre en charge ceux qui n'ont pas pu être hospitalisés pour manque de places. Ils sont très nombreux à Biskra, mais aussi dans plusieurs localités environnantes. Et nous nous sommes, jusqu'à maintenant, rendus chez plus de 300 familles dans plusieurs quartiers du chef-lieu de wilaya, ainsi que dans d'autres communes", relate Meriem, ingénieure en biologie exerçant au laboratoire de bactériologie de l'hôpital Hakim-Saâdane. Sollicitée à détailler ce en quoi consiste essentiellement leur mission, la biologiste explique : "Après les heures de travail au laboratoire, j'assiste mes collègues soignants qui s'occupent des ‘covidés'. En raison de la surcharge de travail qui pèse sur eux, on se répartit les tâches ; je fais de la garde aussi. En dehors de l'hôpital, je ne me trouve que très rarement chez moi. Le plus souvent, en compagnie de mon collègue Sami Laouar, qui exerce dans le même établissement que moi, on se déplace chaque jour, à 8h, voir les patients alités chez eux, et on rentre parfois à minuit. Les malades sont bien nombreux, et chaque famille en compte au moins trois. Outre les soins médicaux indispensables qui consistent, entre autres, à mesurer régulièrement la température du malade, sa tension artérielle, le taux d'oxygène et de glucose dans le sang, faire des injections selon le cas, fournir aux malades des appareils d'assistance respiratoire artificielle si besoin est, réaliser des prélèvements sanguins, nous nous occupons d'eux également sur le plan psychologique. Sachant qu'une guérison physique requiert inéluctablement une parfaite prise en charge psychologique, on essaie avec les moyens du bord de les soutenir. Le malade lui-même sait déjà que le coronavirus est loin d'être une pathologie bénigne, c'est donc toute une famille qui traverse une épreuve des plus difficiles, et c'est là qu'intervient notre rôle principal. Le patient atteint de cette maladie se retrouve généralement dans un état d'esprit peint de pessimisme, renfermé dans sa bulle de solitude, mais aussi de stress et d'angoisse, ce qui rend compliqué le processus de guérison. Il nécessite une prise en charge spécifique, c'est pourquoi le suivi psychologique s'impose. L'on essaie de leur faire oublier leur maladie, de leur faire comprendre que le coronavirus n'est qu'une maladie bénigne comme tout autre maladie, de leur changer la conception qu'ils ont à propos d'une pathologie pareille." Notre interlocutrice, son collègue, ainsi que le reste des éléments de la cellule de soutien, tant médical que moral apporté aux nombreux cas de contamination par la Covid-19 recensés dans la wilaya de Biskra, poursuivent toujours leur vaste opération de traque de cette maladie infectieuse. Ils font preuve de bonté incommensurable et de beaucoup d'humanisme. Et c'est ce qui a été constaté de visu.