Des produits de marques très connues tels Nike, Reebok ou Adidas sont proposés à des prix défiant toute concurrence aux Constantinois. D'aucuns ne cessent de s'interroger sur cette soudaine profusion de produits made in China. Des produits de marques très connues tels Nike, Reebok ou Adidas, à des prix défiant toute concurrence, envahissent le marché algérien. La ville de Constantine ne fait pas exception. Trois boutiques gérées par des managers venus de Pékin viennent d'ouvrir leurs portes dans la capitale de l'Est en l'espace de deux mois et ce, au bonheur des petites bourses. Les principales artères de Constantine, avenues Abane-Ramdane, Saint-Jean et Larbi-Ben-M'hidi…, réputées très commerçantes, drainent chaque jour des milliers de gens venant de partout. Est-ce une stratégie de vente ou un simple fait du hasard ? En tout cas, les Chinois ont su, de par leur savoir-faire et les prix pratiqués, attirer le consommateur constantinois dans leurs filets. Ainsi, ils visent une clientèle bien précise, à revenus moyens et habitués à acheter de produits bas de gamme, vêtements, chaussures, accessoires de mariée, ou encore tapisserie… Ils font le bonheur des ménages laminés par le coût exorbitant de la vie. Satisfaire les caprices des enfants revient, souvent, très cher. “Avec nos deux salaires, on arrive tout juste à financer les listes des fournitures scolaires de nos trois enfants. En plus, ils sont de plus en plus exigeants et ne se contentent plus des produits bas de gamme. Ils préfèrent porter des articles de marque, plutôt que de se "ridiculiser" devant leurs camarades de classe en portant des sous-marques”, nous dira un père de famille venu avec son rejeton faire le plein de Nike et de Levi's. Une femme avec ses deux filles se mêlera à notre discussion et renchérit : “Les produits asiatiques sont identiques aux marques originales. On s'y tromperait, tellement c'est bien fait. Alors, au lieu de dépenser 5 000 DA pour un seul article, j'en achète plusieurs pour le même prix.” C'est, effectivement, ce qui ressort des témoignages recueillis ça et là à travers une virée chez nos amis les Chinois. On est en contrebas de l'avenue Abane-Ramdane, en face du centre culturel Mohamed-Laïd-El-Khalifa. Un grand hall plein à craquer. M. Lewin, secondé par deux de ses compatriotes, semble satisfait de l'affluence enregistrée jusqu'à présent, étant donné qu'il a ouvert boutique depuis un mois et demi seulement. Devant les étals, un groupe d'adolescents parlait à voix haute. Ces derniers semblaient intéressés par les prix proposés dans cette boutique. Eux, qui ne peuvent se permettre des baskets à 8 000 DA, peuvent, aujourd'hui, se targuer d'avoir aux pieds des Nike ou des Adidas achetés à moins de 4 000 DA. Interrogé, justement, sur le nombre de clients qui défile dans le magasin, l'une des hôtesses, également interprète, nous dira qu'il lui est impossible de donner un chiffre exact. “Je peux vous dire, en revanche, que le magasin n'est jamais vide. Certains achètent, alors que d'autres ne font que regarder. Mais avec la rentrée sociale, il y a de plus en plus d'acheteurs de jour en jour”, précise-t-elle. On quitte Abane-Ramdane pour nous diriger vers l'avenue Saint-Jean. Cette fois-ci, c'est un petit magasin spécialisé dans la tapisserie et les costumes chinois traditionnels. Mais c'est surtout la tapisserie qui est la plus vendue. Apostrophant le patron de la boutique, ce dernier fait appel à l'une de ses vendeuses qui lui sert d'interprète. En effet, ces commerçants maîtrisent très peu la langue française et encore moins la langue arabe, mais le plus souvent, c'est le langage des mains qui leur sert de moyen de communication avec la clientèle. “En particulier lorsque cette dernière passe à la caisse”, s'amusera à dire notre hôte. Bien que la langue soit le seul obstacle entre les Constantinois et les Chinois, ces derniers sont décidés à y mettre un terme en proposant des cours de mandarin aux clients qui veulent en savoir plus sur la Chine. Lynda Nacer