Des institutions publiques achètent des produits contrefaits ! au marché d'El-Eulma, le royaume de la contrefaçon, on trouve d'énormes quantités de vêtements sportifs sous de fausses marques Puma, Adidas, Nike, Uhlsport, Reebok, Coq Sportif. Le premier indice de cette violation de la propriété intellectuelle est le prix : 1 200 DA pour un survêtement sur le marché parallèle, 3 000 DA minimum dans les boutiques des représentants de ces grandes marques en Algérie. Second indice, raconte un spécialiste, l'absence de traçabilté. Pour un vrai Nike, Puma ou Uhlsport, on trouve une étiquette avec des mentions qui renseignent sur le lieu et la date de production. Nulle trace dans un faux. La composition du produit constitue un autre indice. Dans les vêtements sportifs commercialisés en Algérie par ces représentants, le coton, par exemple, représente une forte proportion, contrairement au textile contrefait dont la matière, souvent, n'est pas aux normes. Ce commerce parallèle des fausses marques s'effectue au vu et au su de tout le monde. On se demande pourquoi les services du commerce n'interviennent pas pour freiner le phénomène. À noter que ce marché enregistre la commercialisation de 2 millions d'articles par an dont 70% sont constitués de produits contrefaits. Les ventes se chiffrent à 10 milliards de dinars par an. 70% des articles de sport contrefaits, fermeture d'ateliers de production Les effets de ce phénomène sur l'économie nationale sont désastreux. Beaucoup de représentants de ces grandes marques enregistrent une baisse de leur chiffre d'affaires. Ceux qui se sont lancés dans la production ont fermé leurs ateliers, voire freiné la fabrication en Algérie de vêtements sport détruisant des centaines emplois. C'est le cas d'un représentant d'une grande marque qui a requis l'anonymat. Son chiffre d'affaires a baissé de 50% l'année dernière. Il a fermé ses ateliers de production, supprimant du coup des emplois. Or, la fabrication d'articles sportifs en Algérie non seulement crée de l'emploi, mais permet de s'équiper avec des produits de qualité à des prix moins chers que les articles importés. Cette situation a contraint ce représentant à recourir à la justice. Grâce à cette action, un bulletin d'alerte a été déposé à la douane. Cette institution se doit, de ce fait, empêcher l'introduction d'articles contrefaits de la marque à travers les ports, aéroports et postes frontaliers. Le même représentant trouve désolant que des institutions de l'Etat choisissent de s'équiper en articles contrefaits, sans s'inquiéter de l'origine des produits ni de leur qualité en dépit de la présence dans les appels d'offres de représentants de marques connues dans le monde et de producteurs locaux. Dans certains cas, ces articles sont facturés trois à quatre fois leur valeur sur le marché d'El-Eulma. Les produits contrefais proviennent principalement de la Chine, le premier exportateur de biens sous de fausses marques dans le monde, indique la même source. La Turquie fait également partie des fournisseurs. Les faux Nike, Adidas, Reebok se fabriquent à une échelle presque industrielle dans les nombreux ateliers clandestins d'Istanbul. Et s'écoulent facilement sur le marché algérien. Autre exemple : les maillots de l'équipe nationale en fait, des imitations d'articles sous la marque Puma, se sont vendus comme des “petits pains” sur le marché parallèle depuis la série de victoires de l'équipe nationale. Le pic avait été atteint avec la qualification de l'Algérie pour la Coupe du monde. La FAF a fermé les yeux. Circonstances obligent. Mais jusqu'à quand peut-on tolérer ce commerce illégal, destructeur d'emplois et de richesses ?