Résumé : C'est la fin de journée. Nedjma a préparé un gâteau pour le goûter. Samra, sa fille, ne devrait pas tarder. Peut-être que son fiancé l'accompagnera ? Elle pense à son fils Rédha, installé à Londres. En huit ans, il n'est venu que trois fois. Il la surprend en l'appelant pour la prévenir de son arrivée. Un ami l'accompagnera... -Soyez les bienvenus d'avance. Je suis si heureuse. Merci mon Dieu. Tu me manques tant. Rédha rit à l'autre bout du fil. -Je suis sûr que tu changeras de sentiments quand on sera chez toi. -Mais c'est chez toi, lui rappelle-t-elle. Une mère ne cesse jamais d'aimer son enfant. Qu'il soit petit ou grand. Ce sentiment, tu le connaîtras quand tu deviendras père. -Ah non ! Je raccroche, la prévient-il. Je sens que tu vas me parler mariage. -Il le faudra bien. Tu ne vas pas rester célibataire toute ta vie. Mais dis-moi, la personne qui t'accompagnera est ton amie ?, demande-t-elle avec insistance. Dis-moi... Elle est bien déçue d'avoir pour réponse un bel éclat de rire. -Un jour, promet-il. Embrasse Samra pour moi. -Attends. Mais Rédha a déjà raccroché. L'appel n'a pas duré trois minutes si bien qu'elle doute de l'avoir réellement reçu. Mais elle est bien là, avec le combiné du téléphone à la main, elle a encore l'écho de la voix joyeuse et pleine de vie de son cher fils. Elle soupire en remettant le combiné à sa place et sourit, tout en s'essuyant les yeux. "Non, je ne l'ai pas imaginé", pense-t-elle, heureuse comme jamais. Il allait revenir au pays. Il a quelqu'un dans sa vie. Il veut faire durer le suspense. Est-elle du pays ? Ou anglaise ou d'une autre nationalité ? Elle se surprend à prier pour qu'elle soit algérienne. Peu importe qu'elle soit kabyle, oranaise, chaouie ou du Sahara. Elle n'est pas raciste. Elle est quelqu'un de très ouvert. Cependant, si Rédha doit se marier, autant qu'il le fasse avec une fille du pays. Ainsi, elle sera sûre que sa belle-fille le ramènera au pays lors des congés annuels ou lors des fêtes religieuses. S'il se marie avec une étrangère, elle pourra lui dire "adieu". La pauvre mère en est convaincue. Elle retourne à la cuisine et découpe des morceaux du gâteau. Elle pense qu'il adorait en manger quand il était jeune. Il avait 20 ans quand il a quitté le pays. S'il n'a pas encore trouvé l'âme sœur là-bas, elle pourra lui présenter les plus jolies filles qu'elle connaît. Elle pourrait demander à sa belle-sœur de voir de son côté. Elle en parlera aussi à Samra. Nedjma ne peut s'empêcher de rire jusqu'aux larmes. Elle a remarqué qu'à peine il lui a dit qu'il allait venir qu'elle songeait déjà à le marier. Qui sait ? Peut-être qu'il a la nostalgie du pays et qu'il compte rester ? Elle le souhaite tellement, même si elle sait que c'est trop demander. Elle se rend dans sa chambre, chargée de souvenirs. Au-dessus du bureau, une étagère pleine de trophées et de photos souvenirs des compétitions de natation. Elle se demande s'il trouvait le temps d'en faire pour se détendre. Elle ouvre l'armoire et passe la main sur les vêtements qu'il avait laissés. Elle prend le parfum qu'il avait oublié d'emporter et s'en met sur le poignet. Elle le hume et sourit, tout en reposant le flacon à sa place. Il faudra qu'elle fasse de l'espace, puisqu'il viendra accompagné. Si c'est une petite amie, il faudra qu'elle l'installe dans sa chambre. Si c'est un ami, elle devra acheter un second matelas et plein d'autres choses encore. Elle veut bien les recevoir. Nedjma est en train de penser pratique quand Samra arrive. Celle-ci est surprise de la trouver souriante et des éclats dans les yeux. Elle devine vite d'où vient sa joie. Le seul à pouvoir la faire rire et pleurer en même temps est son frère. À chaque appel, il la met dans cet état. -Il y a son parfum dans l'air, remarque-t-elle. Il t'a appelée, c'est ça ? Comment va-t-il ? -Oh ma chérie, il va venir !, lui apprend Nedjma en la prenant dans ses bras pour la serrer fort. Je suis si heureuse ! Dans quelques jours, j'aurais mes deux enfants près de moi. (À SUIVRE) T. M. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.