Des sources évoquent, par ailleurs, la possibilité imminente de changements qui toucheraient plusieurs autres entités relevant du secteur. Ont-ils fait les frais des crises qui ont secoué leurs entreprises ou bien leur départ était-il scellé depuis longtemps ? D'évidence, les récentes perturbations d'internet et la crise récurrente de liquidités ont précipité le limogeage des managers d'Algérie Télécom, de Mobilis, d'Algérie Poste et du Centre national des chèques postaux. Ainsi, mardi, en début de soirée, le ministre de la Poste et des Télécommunications, Brahim Boumzar, a acté leur départ. Dans la foulée, il a nommé comme successeurs Karim Bibi Triki au poste de P-DG du Groupe Télécom Algérie (GTA) à la place d'Ahmed Choudar et Hocine Helouane au poste de P-DG d'Algérie Télécom qui succède à M. Djouaher. Quant à Adel Dekali, ex-cadre de Djezzy, il est désigné à la tête de l'opérateur historique Mobilis en remplacement de Bellal Mekkid. Le patron d'Algérie Poste, Abdelkrim Dahmani, qui s'est illustré par des cafouillages dans la gestion de la crise de liquidités, est remplacé par un cadre du même établissement. Le ministre a justifié ce "mouvement" par la nécessité "d'améliorer la qualité des services et de relever les nouveaux défis...". Des sources proches du secteur évoquent, par ailleurs, la possibilité imminente de changements qui toucheraient plusieurs autres entités relevant du secteur. Ces changements, qui trouvent leur explication dans les contreperformances qu'enregistrent ces établissements publics, vont-ils inverser la tendance ? Reste à savoir si les nouveaux managers disposent d'assez de compétences pour mener à bien cette mission loin d'être une tâche aisée ? Auront-ils les coudées franches pour prendre les nécessaires décisions courageuses qui ont, par le passé, coûté cher à certains de leurs prédécesseurs ? "Ce ne sont pas les cadres dirigeants qui posent problème. Le secteur a d'ailleurs connu d'excellents gestionnaires dont ceux issus, notamment, du domaine en lui-même, à l'image de Brahim Ouaret, d'El-Hachemi Belhamdi, de Moussa Benhamadi, d'Azouaou Mehmel et de Saâd Damma, qui ont laissé des empreintes indélébiles dans l'histoire et le développement d'Algérie Télécom et d'ATM Mobilis", nous a indiqué une source très au fait du dossier télécom en Algérie. Devenue presque une tradition, il n'est pas un seul ministre qui a occupé le secteur de la Poste et des Technologies de l'information et de la Communication sans opérer des changements à la tête d'Algérie Télécom et, à un degré moindre, Mobilis. Brahim Boumzar, actuel ministre en charge du secteur, depuis quelques mois, non seulement ne déroge pas à la règle, mais aussi opère un changement qui a touché toutes les entités à la fois. C'est une première. "Pour bouleverser le secteur de cette manière, il faut des arguments en béton, et le ministre actuel ne les a pas", nous indique notre source expliquant qu'"on pourrait tout mettre sur le dos des perturbations de l'internet, et c'est en effet un gros problème pour lequel le ministre lui-même devrait en être le premier comptable". Il poursuivra : "L'Algérie devrait d'abord avoir une vision plus claire concernant ses choix. Le modèle télécom suivi actuellement est complètement dépassé. La loi sur les télécoms adoptée en 2018 n'a toujours pas de textes d'application. Le privé, qui était un maillon important dans l'échiquier, a été complètement décimé du temps du règne de Houda Imane Faraoun qui a porté le coup de grâce au secteur. Ce sont toutes ces questions qu'il faut trancher avant de savoir à qui confier le navire." Notre interlocuteur, qui trouve la nouvelle équipe complètement "inapte" à mener bien "la révolution numérique", argumente : "Dans la liste du changement, le DG de la Poste est le seul à ne pas avoir un remplaçant officiel comme les autres. Son changement a été décidé à la dernière minute et certainement pas par le ministre ni par le conseil d'administration, alors que son éviction se justifie par la mauvaise situation dans laquelle se retrouve cette entreprise." L'inévitable ouverture du capital d'AT Longtemps débattue sans jamais oser la mener jusqu'au bout, l'ouverture du capital d'Algérie Télécom a été, pourtant, une idée qui a germé dès le départ de la réforme du secteur des télécoms opérée en 2002. Celle-ci devait juste être précédée par un travail de base à même de baliser le processus. Plus de dix-sept ans plus tard, l'Algérie tourne en rond sans pouvoir évoluer d'un iota, réfutant l'implication du privé dont l'apport aurait pu être salvateur. Et aussi longtemps que nos responsables continueront à "ignorer" cette réalité, l'option d'ouverture du capital sera la seule option pour qu'Algérie Télécom puisse être efficace. Aujourd'hui, AT fonctionne avec une pléthore de plus de 21 000 employés mais sans résultats probants. Il en est de même pour la Poste. Les spécialistes du domaine s'interrogent encore sur le devenir de la Poste et la raison pour laquelle cette entreprise "se retrouve encore en 2020 sous la coupe du secteur des télécoms, alors qu'elle devrait être confiée au secteur des finances en jouant le rôle de banque comme cela se fait sous d'autres cieux, laissant quelques services postaux aux télécoms". Ces mêmes spécialistes évoquent aussi le problème de la bande passante et "la nécessité de diversifier son acquisition en permettant aux privés de l'acheter auprès d'Algérie Télécom ou ailleurs, et non pas de lui imposer un certain quota que les opérateurs sont astreints à acheter auprès d'AT, pour ne citer que cet exemple...".