C'est loin d'être un hasard si 60% du chiffre d'affaires du tourisme mondial passe par Internet. Il est quasi nul en Algérie, accusant ainsi un retard inexplicable. Un déficit que les pouvoirs publics semblent vouloir combler à travers le mémorandum d'entente conclu, hier, par Mohamed Hamidou, ministre du Tourisme, de l'Artisanat et du Travail familial, et par celui de la Poste et des Télécommunications, Brahim Boumzar. Réunis au complexe touristique de Sidi Fredj, les deux ministres sont revenus sur la pertinence de "la généralisation du paiement électronique", impliquant les hôteliers représentés par le groupe Hôtellerie tourisme et thermalisme (HTT), les agences de voyages à travers le Syndicat national des agences de voyages (Snav) et la Fédération nationale des associations des agences de tourisme et de voyages (Fnat), l'Office national algérien du tourisme (Onat) et le tour opérator TCA à travers sa filiale Touring voyages Algérie (TVA), ainsi que la Fédération nationale des hôteliers (FNH). Du côté des Télécommunications, c'est à Algérie Poste que revient le pilotage de l'opération partant du principe qu'elle représente le support le plus adéquat pour réussir un tel challenge. Il est question alors de "transformation numérique" à tous les niveaux de la chaîne touristique, qu'il s'agisse de transaction entre opérateurs ou en relation avec la clientèle qui passera, inéluctablement, par l'usage de la carte de paiement interbancaire et le déploiement des terminaux de paiement électroniques (TPE), ou encore le nouveau service lancé récemment par Algérie Poste relatif au paiement électronique via le QR code baptisé "Barid Pay". Un mode de paiement qui devra atténuer un tant soit peu la crise de liquidités que connaît le pays à travers la dématérialisation du cash tout en permettant au client d'effectuer sa réservation et payer sa chambre et autres consommations, soit par carte, soit par QR code. À ce propos, le ministre de la Poste et des Télécommunications a reconnu qu'"Algérie Poste est loin de pouvoir répondre à elle seule aux besoins" et fait appel "aux start-up pour apporter leur contribution". Quant aux professionnels du secteur du tourisme et de l'hôtellerie, les avis restent mitigés quant "au succès de cette démarche" et au "timing de son lancement" qui, à leur avis, "ne résoudra en rien des problèmes du secteur du tourisme". Ils estiment qu'"il existe d'autres impératifs qui doivent être solutionnés au plus vite avant même de penser à cette modernisation qui, en soi, n'est pas inutile, mais pourrait s'avérer être sans grand intérêt". Certains participants se sont même interrogés quant à l'efficacité de toutes ces conventions qui sont conclues dans le domaine. Un ancien cadre du tourisme ira même plus loin : "Nous avons eu à conclure plusieurs mémorandums et autres accords. Il se trouve qu'au final, le résultat est médiocre car il n'y a jamais eu de mode opératoire, pas de suivi et sûrement pas de bilan."