Un policier est en prison depuis samedi dernier. Son délit est d'avoir “fait subir une maltraitance et des sévices corporels à un citoyen de la région de Blida”. C'est ce que rapporte une source proche de ce dossier expliquant que les faits ont eu lieu durant le mois en cours. “Le policier en question qui était en service le jour des faits a procédé, dans un premier temps, à l'arrestation du citoyen, receveur de bus de son état, la trentaine, avant de le conduire dans un commissariat relevant de la wilaya de Blida pour le tabasser et lui faire ensuite subir des sévices corporels”, est-il indiqué de sources crédibles. Une fois sorti du commissariat, le receveur de bus n'a pas voulu rentrer immédiatement chez lui. Il s'est, en effet, déplacé au tribunal de Blida pour déposer une plainte pour coups et blessures volontaires auprès du parquet. Une fois la plainte enregistrée, le parquet a décidé d'ouvrir une enquête. “Des investigations approfondies ont été menées et ont mis en évidence un certain nombre d'éléments de l'enquête, à l'image des conclusions du médecin légiste qui a examiné le receveur de bus et lui a donné sept jours d'incapacité physique.” Les deux parties en conflit ont été également présentées au parquet puis devant le juge d'instruction pour être entendues. Une fois l'interrogatoire achevé, le juge d'instruction a décidé “de placer le policier mis en cause en détention préventive à la prison de Blida pour arrestation abusive et maltraitance à l'encontre du receveur de bus, en attendant de fixer la date du jugement”. “Le jugement ne tardera pas, il aura lieu très prochainement”, tient-on à signaler. Aussi l'interrogatoire a-t-il conclu “au non-fondement des explications fournies par le policier dans ses agissements avec le receveur de bus qualifiés d'arbitraires et d'abusifs”. L'incarcération, par ailleurs, d'un policier pour maltraitance à l'encontre d'un citoyen dans un commissariat est un fait inédit en Algérie. Elle rappelle, en effet, l'affaire des sept gendarmes mis sous les verrous, le mois dernier, à la prison militaire de Blida pour “maltraitance et torture” d'un citoyen dans le cadre de la lutte antiterroriste. “La justice algérienne est en train d'évoluer et de se mettre au diapason”, commentera à ce propos une source proche du dossier. NADIA MELLAL