La crise sanitaire continue de d'impacter le fonctionnement de la vie nationale. Elle pertubre le calendrier scolaire et fait peser le doute sur le retour des classes. Alors que tout le monde s'attendait à une reprise des cours le 4 octobre comme cela avait été initialement annoncé, deux sorties publiques du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, ont rajouté une couche de brouillard à un ciel déjà suffisamment brumeux. Il a indiqué que la date de la rentrée scolaire "n'était pas définitive" et que cela dépendait "de l'évolution de la situation sanitaire". C'était il y a une semaine à Blida. Le responsable a dit la même chose dimanche lors d'un déplacement à Annaba. Et pour justifier ses propos, le Premier ministre a renvoyé tout le monde aux recomamandations du Comité scientifique de suivi de la Covid-19. Contacté, un membre du Comité scientifique a estimé que les propos du Premier ministre visaient à "assurer une rentrée scolaire avec un minimum de risques". Mohamed Bekkat-Berkani rappelle que le Comité dans lequel il siège a établi, en août dernier, un protocole sanitaire adopté par le ministère de l'Education nationale. "Vous avez la conjonction de certains éléments : protocole sanitaire prêt, conjoncture sanitaire favorable (...) en plus des conditions matérielles (les écoles doivent être équipées et désinfectées). À ce moment-là, c'est aux autorités de fixer une date. Il ne faut pas mélanger les attributions, car la commission scientifique ne peut pas dire qu'il faut aller à l'école à une date précise. C'est au gouvernement de le faire en fonction de tous ces éléments." Du côté des syndicats de l'éducation, le ton n'est pas à l'optimisme. Pour Boualem Amoura, le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l'éducation et de la formation, l'Education nationale "ne dispose pas de moyens" nécessaires pour appliquer le protocole sanitaire recommandé par le ministère de tutelle. Il s'interroge sur la façon dont les autorités du secteur vont diviser en groupes des classes surchargées. "Déjà que nos établissements sont surchargés en temps normal, comment feront-ils pour s'organiser en temps de pandémie ?" s'interroge l'enseignant. Il se demande également si l'Education nationale dispose de suffisamment d'enseignants pour faire face à de nouvelles plages horaires. "Si nous devons respecter le protocole sanitaire à la lettre, tel qu'exigé, nous ne pourrons pas reprendre dans l'immédiat", tranche le secrétaire général du Satef qui rappelle que même "les pays avancés" qui disposent "de moyens" n'arrivent pas à gérer la situation. En plus de cela, M. Amoura rappelle que "les collectivités locales ne disposent pas de suffisamment de moyens" pour "faire respecter la distanciation sociale" exigée par le protocole sanitaire. C'est le cas des transports scolaires, de la cantine. "En outre, dans le protocole sanitaire, la commission scientifique n'a pas anticipé : on ne sait pas comment faire si un cas de Covid-19 est signalé dans l'école", précise M. Amoura qui reconnaît, pourtant, qu'il "faut reprendre les cours" parce que "nous ne pouvons pas nous permettre de garder encore plus longtemps les enfants à la maison". Dans tous les cas de figure, la décision de reprendre les cours ou pas devrait être connue vers la fin du mois de septembre. Entre-temps, les parents d'élèves sont divisés entre ceux qui veulent voir leurs enfants reprendre les cours et ceux qui craignent la propagation de l'épidémie. Un choix cornélien.