L'offensive diplomatique que menait Alger sur le dossier malien — le chef de la diplomatie algérienne s'est rendu à deux reprises à Bamako en moins d'un mois — pour aider ce pays voisin à renouer avec l'ordre constitutionnel et la stabilité semble avoir porté ses fruits. Au lendemain de l'arrivée du ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, à Bamako où il s'était entretenu avec nombre d'acteurs maliens, mais aussi avec des représentants d'organisations internationales (ONU, UE) et régionales (UA, Cédéao), la junte militaire au pouvoir depuis le renversement d'Ibrahim Boubacar Keita (IBK) a procédé, lundi 21 septembre, à la nomination de Bah Ndaw, colonel-major à la retraite, en tant que président de la transition, et du colonel Assimi Goïta, chef des putschistes, au poste de vice-président chargé des questions de défense et de sécurité. Cette nomination semble agréer Alger qui affirme en avoir "pris acte", sans pour autant signer un chèque en blanc à la junte militaire au pouvoir, en disant attendre la mise en place des autres institutions de transition et, surtout, la tenue d'élections pour acter le retour définitif à l'ordre constitutionnel. "L'Algérie prend acte de la désignation de M. Bah Ndaw, comme président de la transition au Mali, et du colonel Assimi Goïta, comme vice-président", a indiqué le ministère des Affaires étrangères (MAE) dans un communiqué rendu public le jour même de la désignation de M. Ndaw en tant que président de la transition. "L'Algérie attend avec intérêt la mise en œuvre du reste des institutions de la transition en vue de permettre une conduite apaisée et calme de la période de transition vers l'organisation d'élections qui acteront le retour à l'ordre constitutionnel au Mali frère et voisin", a-t-il ajouté. Chef de file de la médiation internationale au Mali et présidente du Comité de suivi de mise en œuvre de l'Accord (CSA), l'Algérie s'est félicitée de l'attachement des différents protagonistes maliens à l'Accord d'Alger signé en 2015 entre les autorités de l'époque et les mouvements rebelles indépendantistes de l'Azawad dans le nord du pays. "Elle (l'Algérie, ndlr) se félicite de l'attachement de l'ensemble des parties maliennes à la mise en œuvre effective de l'Accord d'Alger", a assuré le MAE avant de réitérer l'"engagement" de l'Algérie à "à tout entreprendre pour poursuivre la mise en œuvre de l'Accord en tant que seule voie à même de permettre au Mali de préserver durablement sa stabilité et de relever les défis multiples auxquels il fait face". Parce que le voisin du Sud "est un pays extrêmement important" pour l'Algérie, celle-ci "continuera de suivre de près l'évolution de la situation au Mali", a assuré le département de M. Boukadoum, qui a tenu à réitérer l'engagement d'Alger à "accompagner le Mali durant cette période difficile" et "sa solidarité indéfectible en direction du peuple malien frère". Signe de l'importance qu'accorde l'Algérie au Mali avec lequel elle partage une frontière longue de plus de 1 300 km, le chef de la diplomatie algérienne dépêché par le président de la République, lui-même, a été le premier membre d'un gouvernement étranger à se rendre à Bamako, le 19 août dernier, juste après le coup d'Etat mené par le colonel Assimi Goïta. Le président Tebboune a évoqué, dimanche 20 septembre, le dossier malien, en soutenant fermement qu'"il n'y a de solution pour le Nord-Mali que le retour à l'Accord de paix et de la réconciliation issu du processus d'Alger, ainsi qu'à la légitimité constitutionnelle", tout en se prononçant en faveur d'une période de transition courte et la désignation d'une personnalité civile à la tête de l'Etat.