Le traitement des conteneurs des produits dangereux se fera dorénavant sous palan à l'arrivée même de la marchandise, qui sera directement chargée sur le transport affrété par le client. La fermeture des deux ports secs d'Oran, appartenant à la Spa CMA-CGM et à la Sarl Catram Logistic, a eu des conséquences directes sur l'Etablissement portuaire d'Oran (EPO). La décision, prise en haut lieu, a induit une hausse des traitements des marchandises au port d'Oran estimée entre 34 et 36%, alors qu'auparavant, le port "opérait avec la méthode du dispatching aléatoire" avec les deux terminaux intermodaux, comme l'explique Korbâa Mokhtar, P-dg de l'EPO, rencontré dans son bureau. Avec cette fermeture, le traitement des conteneurs des produits dangereux se fera dorénavant sous palan à l'arrivée même de la marchandise, qui sera directement chargée sur le transport affrété par le client avant de quitter l'enceinte portuaire, après avoir été pesée. Auparavant, ces conteneurs étaient traités dans les ports secs qui disposent de parcs à feu, précise notre interlocuteur, qui indique qu'il a entrepris des démarches auprès des autorités locales pour remédier à cette situation. "Nous nous sommes rapprochés du wali pour demander une assiette extra-portuaire pour traiter tout type de conteneurs dangereux comme cela se fait dans tous les ports modernes", souligne-t-il. À ce propos, et pour rappel, vu le drame du port de Beyrouth, tout le monde est sur le qui-vive et les interrogations les plus légitimes ont été soulevées sur la sécurité au sein de nos ports. Le 8 août dernier, le ministre des Transports, Lazhar Henni, en visite au port d'Alger, a tenu à rappeler que "l'Algérie a été parmi les premiers pays à interdire la saisie ou le stockage de marchandises dangereuses au niveau des ports", une interdiction qui remonte à 1975, ajoutant que cette loi "est appliquée de manière stricte au niveau de tous les ports du pays et aucune marchandise dangereuse ne s'y trouve". Si le port d'Oran ne dispose pas encore de parc à feu, il en sera autrement à partir d'avril 2021, date de la probable réception de son nouveau terminal à conteneurs ou plutôt de son extension de 23 hectares vers l'Est. Lancé en juin 2014, le projet réalisé par les sociétés algérienne et chinoise, Meditram et Check, devait être réceptionné en juin dernier, mais il le sera, selon toute vraisemblance, en avril prochain, selon le premier responsable de l'EPO. " Les travaux ont atteint 95% d'avancement", nous apprend-il, un chiffre donné par la Direction des travaux publics (DTP) et il est considéré comme l'ouvrage le plus important des dix ports algériens. "Le terminal permettra de désengorger le port et de solutionner les contraintes subies. En matière de conteneurs, on parle de zones d'entreposage éparpillées le long de l'enceinte portuaire et, avec cet ouvrage, on parle de terminal à conteneurs dans des standards internationaux avec un périmètre bien défini et des machines adéquates comme les portiques et les grues RTG", explique encore Korbâa Mokhtar. En plus des travaux de la DTP, "une rallonge budgétaire sur les fonds propres de l'entreprise a été consacrée à plusieurs travaux sur le terminal à l'exemple des mâts d'éclairage ou du réseau anti-incendie pour créer un éventuel parc à feu destiné à entreposer les conteneurs de produits dangereux", ajoute-t-il. Pour notre interlocuteur, "le plus important est de disposer d'un espace conforme qui nous permet de rehausser la qualité de la prestation en mettant en place la logistique adéquate", signalant que la problématique des ports algériens réside dans les tirants d'eau. Une contrainte qui n'aura plus lieu d'être puisque le terminal disposera d'un tirant d'eau de 14 mètres de profondeur et d'une longueur de 463 mètres linéaires. Quant à une future joint-venture avec un partenaire étranger pour gérer et exploiter le nouveau terminal à conteneurs, Korbâa Mokhtar déclare que pour le moment, la priorité est donnée au terminal. "Actuellement, nous sommes plus occupés avec l'équipement puisque nous allons réceptionner les 7 RTG que nous avons commandés", reconnaissant, toutefois, que l'EPO a déjà eu des prises de contact avec plusieurs opérateurs étrangers, tels que les Singapouriens de Portek, CMA-CGM ou encore DP World, sans que cela n'aille plus loin. Le P-DG de l'EPO reste convaincu que "le port a dépassé une capacité de traitement de 10 millions de tonnes de marchandises par an, mais qu'actuellement, les indicateurs de performance sont calculés sur le traitement de conteneurs", espérant "arriver à minimiser la barre de traitement des conteneurs à des volumes horaires tolérables" pour être au diapason des ports méditerranéens.