La Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) prévoit une hausse progressive de la production au cours des semaines prochaines, quelques jours après l'annonce par l'homme fort de l'est du pays, Khalifa Haftar, de la levée d'un blocus de huit mois imposé par ses forces sur les sites pétroliers. "Nous sommes en mesure de reprendre la production sur certains de nos sites sûrs (...) et nous prévoyons une hausse progressive de la production", a déclaré mercredi soir le patron de la NOC, Moustafa Sanalla, cité dans un communiqué répercuté par les médias libyens. La Libye, qui dispose des réserves pétrolières les plus abondantes d'Afrique, est déchirée par un conflit entre deux pouvoirs rivaux : le Gouvernement d'union nationale (GNA), basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, et le maréchal Haftar, qui règne sur l'Est et une partie du Sud. Ayant tenté, sans succès, pendant 14 mois de prendre le contrôle de Tripoli, les forces loyales au maréchal bloquaient depuis janvier toute activité sur les principaux sites pétroliers du pays, dénonçant une répartition inéquitable des recettes entre l'Ouest et l'Est. La semaine dernière, le général Haftar a accepté de lever le blocus à condition que les recettes pétrolières soient réparties équitablement et qu'elles ne soient "pas utilisées pour soutenir le terrorisme". Khalifa Haftar accuse le GNA d'être soutenu par des milices, dont des islamistes et des "terroristes". La NOC a, elle, exigé le départ des groupes armés avant la reprise de la production. Pour l'instant, seuls les champs d'Al-Charara (Sud) et les terminaux pétroliers de Marsa Hariga, de Marsa Brega et de Zouetina (Est) sont opérationnels, la NOC ayant levé la "force majeure", une mesure invoquée dans des circonstances exceptionnelles et qui permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats. Quant aux ports de Ras Lanouf et d'Al-Sedra (Est), ils demeurent fermés tant qu'il y aura des "mercenaires étrangers" sur ces sites, selon la NOC. "À ce jour, le blocus a coûté à la Libye près de 10 milliards de dollars (8,5 milliards d'euros), des pertes dévastatrices, surtout pendant cette période de crise nationale", a déploré M. Sanalla, qui a maintes fois dénoncé la présence de mercenaires du groupe russe Wagner sur les sites pétroliers "utilisés à des fins militaires".