La Libye a perdu près d'un milliard de dollars en raison du blocage depuis trois semaines des plus importants champs et terminaux pétroliers du pays, ce qui a provoqué une chute de la production de plus de 80%, a annoncé hier la Compagnie nationale de pétrole (NOC). Du 18 janvier – date du blocage par des groupes alliés à Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen, des principaux terminaux pétroliers de l'est de la Libye – jusqu'au 3 février, "la production est passée de plus de 1,2 million à 187 000 barils par jour", a indiqué la NOC sur son site. La suspension des exportations depuis les terminaux du "croissant pétrolier"–Brega, Ras Lanouf, al-Sedra, al-Hariga et Zouitina– a eu lieu à la veille d'un sommet international à Berlin le 19 janvier qui a appelé à la fin des ingérences extérieures et à la relance du processus du paix. Cette suspension a entraîné "des pertes estimées à 931 millions de dollars", soit 845 millions d'euros, a déploré la NOC, qui a appelé à "mettre fin aux fermetures irresponsables en violation des lois" et à la reprise "immédiate" des opérations de production. La NOC avait également déploré la fermeture des vannes d'une station de pompage dans le sud-ouest du pays, entraînant l'arrêt de la production sur deux importants champs pétroliers, al-Charara et al-Feel. L'arrêt des exportations de l'or noir, qui représentent quasiment l'unique source de revenus pour les Libyens, est décrite par les pro-Haftar comme une mesure de protestation contre l'intervention turque en soutien au Gouvernement d'union nationale (GNA), basé à Tripoli et reconnu par l'ONU. De son côté, Haftar, soutenu notamment par la Russie, les Emirats arabes unis et l'Egypte, mène depuis le 4 avril une offensive pour s'emparer de Tripoli. L'ONU, les ambassades des Etats-Unis, du Royaume-Uni ainsi que de la délégation de l'Union européenne en Libye ont aussi appelé en janvier dernier à la reprise "immédiate" des opérations pétrolières, mettant en garde contre le risque d'une aggravation de la situation humanitaire en Libye. La production avait déjà plongé à moins de 500 000 barils/jour entre 2014 et 2016 en raison des violences autour des sites pétroliers et d'une lutte d'influence entre des groupes rivaux souhaitant mettre la main sur la principale ressource du pays, en proie au chaos depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi.