Journalistes et défenseurs des droits de l'homme réitèrent leur appel à la libération de Khaled Drareni hier, à l'occasion du rassemblement hebdomadaire tenu à la maison de la presse Thar-Djaout. "Il est fatigué, amaigri, mais point affaibli moralement." C'est en ces termes que Me Zoubida Assoul a décrit, hier, Khaled Drareni lors du sixième rassemblement de solidarité à la Maison de la presse. Le journaliste, directeur du site électronique Casbah Tribune, vient aussi de boucler, aujourd'hui même, son sixième mois d'incarcération dans les geôles de Koléa. "Khaled sahafi machi khabardji" (Khaled est un journaliste et non un informateur), ou encore "Sahafa horra, adala moustakilla" (Presse libre et justice indépendante), "Libérez les otages", ont scandé les nombreux journalistes, militants politiques, syndicalistes, avocats, étudiants et autres citoyens rassemblés, hier, à la maison de la presse Tahar-Djaout. Ils sont venus encore une fois pour exprimer leur refus catégorique d'abdiquer en acceptant la lourde peine de deux ans de prison ferme dont a écopé Khaled Drareni le 15 septembre dernier. Un rendez-vous devenu hebdomadaire durant lequel, les voix s'élèvent à l'unisson réclamant haut et fort la libération sans condition de Khaled Drareni, mais aussi de tous les détenus politiques, dénonçant, au passage, "une justice aux ordres", "des condamnations politiques" et "un régime en violation de toutes les valeurs d'un Etat de droit". Parmi les principaux membres de la défense du journaliste, Me Zoubida Assoul persiste et signe : "Khaled Drareni est en prison alors qu'il n'a fait qu'exercer son métier de journaliste et ça n'a pas lieu de l'être." Elle poursuit : "Nous avons introduit un pourvoi en cassation et nous avons 60 jours pour déposer notre mémoire. Nous mettrons, alors, en exergue toutes les incohérences et autres violations juridiques qui sont contenues dans l'arrêt de sa condamnation et nous espérons que la raison l'emportera sur l'arbitraire et le totalitarisme." Et plutôt optimiste, l'avocate infatigable martèle : "Partant du principe que le chef de l'Etat parle de la main tendue au Hirak et assure, par ailleurs, que la liberté de la presse est garantie, on s'attend de sa part à un geste fort, le 1er Novembre prochain, en décrétant la mise en liberté de tous les détenus d'opinion parmi lesquels figure Khaled Drareni." Fodil Boumala, figure de proue du Hirak et qui, à son tour, a vécu l'expérience de la prison pour ses opinions, n'en démord pas : "Je suis là pour soutenir Khaled Drareni, mais aussi et surtout pour défendre la cause nationale qu'est notre révolution pacifique et, par-delà, tous les détenus d'opinion à travers le pays sans distinction aucune. Nous dénonçons clairement les attitudes du président Tebboune et de son ministre de la Communication qui ont condamné politiquement Khaled Drareni pour des chefs d'inculpation qui n'existent même pas dans son dossier." Kadi Ihsane, journaliste et membre actif du comité de soutien à Khaled Drareni, a soutenu, pour sa part, que "l'affaire Khaled Drareni est strictement politique et doit, aujourd'hui, trouver également un dénouement politique" et, de ce fait, "le comité de soutien fait porter la responsabilité du sort de Khaled Drareni à Abdelmadjid Tebboune. Il doit le libérer ne serait-ce qu'en attendant que la Cour suprême statue sur son cas. Nous sommes là tous les lundis pour réclamer sa libération et nous continuerons à le faire autant de fois qu'il le faudra. Nous ne baisserons pas les bras...".