Le risque d'une guerre ouverte se fait de plus en plus ressentir, malgré des efforts internationaux pour y mettre fin. Berlin et Washington ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni hier en urgence, pour éviter le pire. Les combats entre l'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh se sont poursuivis hier, avec une rare intensité, faisant craindre le pire dans cette partie du Caucase où les risques d'une guerre ouverte auront des conséquences fâcheuses sur toute la région. Le bilan officiel s'établissait hier à 99 morts, dont quinze civils : dix en Azerbaïdjan et cinq côté arménien. Mais les deux camps affirment chacun avoir tué des centaines de militaires ennemis. Le ministre de la Défense arménien a déclaré que les séparatistes avaient détruit 49 drones, 4 hélicoptères, 80 tanks, un avion militaire et 82 véhicules militaires azerbaïdjanais depuis dimanche. Les autorités du Nagorny Karabakh disent avoir regagné des positions perdues la veille, ce que Bakou dément, affirmant avoir encore progressé et détruit "une colonne motorisée arménienne, une unité d'artillerie ainsi que quatre chars ennemis, un véhicule blindé". Le ministère de la Défense azerbaïdjanais a, par ailleurs, affirmé que l'Arménie était en train d'acheminer vers le Karabakh ses systèmes de défense anti-aérienne S-300, fournis par la Russie, et que ces systèmes seraient "détruits dès qu'ils entreront dans nos territoires occupés". Le risque d'une guerre directe opposant les deux parties se font de plus en plus ressentir, malgré des efforts internationaux pour y mettre fin. Berlin et Washington ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni hier en urgence pour tenter d'éviter une guerre ouverte entre Erevan et Bakou qui risquerait de déstabiliser la région et d'y entraîner les puissances régionales, la Turquie et la Russie. Cette dernière a appelé Ankara, qui soutient Bakou, à œuvrer pour la paix au Nagorny Karabakh et mis en garde contre "toutes sortes de déclarations sur un soutien ou une activité militaire qui ne font sans doute que mettre de l'huile sur le feu". La veille, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait appelé l'Arménie à mettre fin à "l'occupation du Nagorny Karabakh" et promis qu'Ankara resterait aux côtés de Bakou par tous les moyens. Remerciant les pays "frères" – Turquie et Pakistan – pour leur "soutien", le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a pour sa part affirmé que "si la communauté internationale n'est pas capable d'arrêter le dictateur irresponsable d'Arménie, alors l'Azerbaïdjan le fera et restaurera son intégrité territoriale". Depuis dimanche, les forces de l'enclave séparatiste du Nagorny Karabakh, soutenue politiquement, militairement et économiquement par l'Arménie, et celles de l'Azerbaïdjan s'affrontent dans les combats les plus meurtriers depuis 2016. L'Azerbaïdjan, pays turcophone à majorité chiite, réclame le retour sous son contrôle du Karabakh, peuplé majoritairement d'Arméniens, chrétiens, dont la sécession en 1991 n'a pas été reconnue par la communauté internationale. Après des semaines de rhétorique guerrière, l'Azerbaïdjan a annoncé avoir lancé dimanche une "contre-offensive" en réponse à une "agression" arménienne, usant de son artillerie, de blindés et de bombardements aériens sur la province qui lui échappe depuis la chute de l'URSS et une guerre qui a fait 30 000 morts. La Russie, la France et les Etats-Unis – médiateurs du conflit au sein du Groupe de Minsk – ont appelé sans succès à un cessez-le-feu et à des négociations. Hier, la chancelière allemande Angela Merkel a fait savoir qu'"un cessez-le-feu immédiat et un retour à la table des négociations étaient urgents", lors d'entretiens téléphoniques séparés avec les dirigeants d'Azerbaïdjan et d'Arménie. Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a, lui aussi, appelé à "mettre fin aux violences et à reprendre les négociations aussi vite que possible".