Résumé : Depuis le départ de Saïd, Rédha n'est plus le même. Il rentre tard du bureau et durant les week-ends il sort avec ses collègues. Il est rare qu'il dîne à la maison. Cela dure depuis quelques semaines. Un soir, elle lui parle de la distance qu'il a mise entre eux et des doutes qu'elle a. Il lui demande d'être patiente. Fadhéla n'est pas rassurée... - Serais-tu souffrante ? Ou bien enceinte ? l'interroge Nedjma, espérant que ce soit le cas. As-tu un retard ? Fadhéla secoue la tête. La gorge serrée, elle respire profondément, avant de répondre à ses questions. - Non, rien de tout cela, dit-elle. J'ai des soucis avec Rédha. J'aurais voulu ne pas t'inquiéter. Elle se met à lui raconter ce qui s'est passé depuis le départ de Saïd. Elle ne lui cache pas avoir peur de perdre Rédha. - Yemma, je crois que nous nous sommes mariés trop vite et qu'il le regrette. Il ne me l'a pas dit mais il s'est éloigné de moi. Je crois que Saïd voulait m'ouvrir les yeux. Il le connaît bien. Peut-être qu'au bureau il a rencontré quelqu'un. Qu'il traîne avec elle après les heures de travail et même le week-end. Je crois qu'il me ment et me trompe. - Mais non ! Ne te mets pas ce genre d'idée en tête. - Alors, pourquoi ce changement ? demande Fadhéla. Pourquoi ne m'a-t-il pas réveillé ce matin ? Pourquoi est-il parti sans me dire au revoir ? - Ma fille chérie, certainement qu'il voulait que tu fasses la grasse matinée. Il ne faut pas voir le mal partout. S'il ne t'aimait pas, vous ne seriez pas ensemble en cet instant. Tu sais combien votre mariage m'a rendue heureuse, lui rappelle Nedjma. Je t'aime comme si tu étais ma propre fille. Je ne veux que votre bien. Sois patiente. Je suis sûre qu'il redeviendra affectueux et attentionné comme avant. Fadhéla le souhaite de tout cœur. Après avoir raccroché avec sa belle-mère, elle se lève et prend une douche. Après avoir pris le petit-déjeuner, elle met de l'ordre dans la cuisine, chose qu'elle n'avait pas faite la veille. Quand elle reçoit un appel de son amie qui l'invite à déjeuner, elle s'empresse d'accepter. Elle ne veut pas rester seule et broyer du noir. La vieille hadja Halima la reçoit chaleureusement. - M'rahba benti ! Comment vas-tu ? - Bien, merci. Une jeune femme les rejoint, le sourire aux lèvres. - Tu dois être Fadhéla ? Sois la bienvenue ! - Merci. Et vous ? - Moi ? Je suis sa petite-fille Soraya. Je viens d'Alger moi aussi. Dès que mamie m'a parlé de toi, j'ai voulu te connaître. Fadhéla est heureuse. - Enfin, quelqu'un du pays ! dit-elle, émue jusqu'aux larmes. Avec qui je peux parler en dardja. Je suis contente. - Ah ! Mamie ne tarissait pas d'éloges à ton sujet. Je voulais te rencontrer pour m'assurer que tu ne voulais pas profiter d'elle. Louanges à Dieu, tu es des nôtres. J'ai préparé le déjeuner. Passons à table. Fadhéla, qui n'avait pas dîné la veille, se régale. Soraya a préparé un couscous. - Quand je viens, je cuisine uniquement des plats traditionnels. Mamie adore. - Je lui en ferai quand elle le voudra. El Hadja, quand tu as envie d'un plat particulier, il faudra me le dire, la prie Fadhéla. Je préparerai tout de chez moi. - Oui, oui, des beignets, j'en veux bien. Fadhéla promet d'en faire. À la fin du déjeuner, elles débarrassent puis font la vaisselle. Elles en profitent pour discuter. - Dommage que tu n'habites pas Londres, regrette-t-elle. On aurait pu sortir ensemble. - On s'organisera. On s'échange nos numéros de téléphone et on programmera une sortie entre filles. Ton mari ne refusera pas ? Comment est-il ? Fadhéla lève les yeux au plafond, semblant chercher les mots pour le décrire. - Il est beau, intelligent, ouvert d'esprit, dit-elle. Il est adorable. En fait, confidence pour confidence, je crois que je l'aime plus qu'il ne m'aime. Depuis qu'il a repris le travail, je le sens changé. Il ne me regarde plus...
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