Le déficit budgétaire devrait caracoler à près de 2 800 milliards de dinars en 2021, alors que le déséquilibre de la balance des paiements s'annonce insoutenable. La réduction des déficits budgétaire et courant demande un effort d'économies considérable sur la dépense brute de l'ensemble des agents économiques. En l'absence d'efforts d'ajustements soutenus, les déficits jumeaux sont voués à rester à des niveaux élevés, voire insoutenables, en l'état actuel des finances publiques. Le déficit budgétaire au titre du prochain exercice devrait caracoler à près de 2 800 milliards de dinars sous le coup d'une dépense pesante et de maigres recettes. La loi de finances de l'actuel exercice avait prévu un déficit budgétaire de 1 533,4 milliards de dinars, corrigé à la hausse par le budget rectificatif de la mi-2020 qui tablait sur un déficit de 1 976,9 milliards de dinars, correspondant à 10,4% du Produit intérieur brut (PIB). Bien que l'impact du choc pandémique sur les finances publiques n'ait pas encore été évalué, les séquelles sur l'économie sont visibles et risquent de durer plusieurs années. Au plan des comptes extérieurs, le Fonds monétaire international (FMI) s'est montré plutôt pessimiste quant à l'ascension qui n'en finit pas du déficit du compte courant. Ce déficit devrait se creuser l'an prochain pour s'établir à 16,6% du PIB. La Banque mondiale avait, quant à elle, prédit plus tôt cette année une détérioration du déficit du compte courant qui atteindra le niveau record de 18,8% du PIB en 2020, malgré les mesures prises pour limiter les importations et circonscrire les effets de la faible demande intérieure. Bien évidemment, la hausse du déficit du compte courant et, plus globalement, celui de la balance des paiements devrait se traduire par une accélération de la fonte des réserves de change de l'Algérie sur la période 2020-2021. "Sans l'adoption de nouvelles mesures, les réserves seraient ramenées à 24,2 milliards de dollars, soit environ 6,1 mois d'importations à fin 2020", prévoyait la Banque mondiale. Cela dit, le baril de Brent était mieux coté que depuis les premières projections de la Banque mondiale, publiées en avril, soit autour de 40 dollars, alors que les prévisions de l'institution de Bretton Woods étaient bâties sur un baril de 30 dollars. Cela ne fera que repousser de quelques mois encore l'échéance d'un dangereux tarissement des avoirs extérieurs à laquelle le pays ne s'était que peu préparé. La Banque centrale n'a cessé de sonner le tocsin quant à l'impératif de réformes budgétaires de fond pour rétablir la viabilité de la balance des paiements et limiter l'érosion des réserves officielles de change. Le déséquilibre, désormais chronique, dont souffre la balance des paiements est lié en grande partie aux déficits importants des finances publiques qui devraient rester élevés l'an prochain. Une plongée dans les rares chiffres fournis par l'avant-projet de loi de finances 2020 confirme le mouvement haussier des déficits ; lesquels viendront aggraver les vulnérabilités du pays à l'heure où les disponibilités fondent comme neige au soleil. Du coup, l'habituelle question invoquant le comment du financement des déficits est légitimement posée, tout comme les objectifs de ce retour à la politique d'expansion budgétaire si l'entreprise n'en bénéficie pas. Le problème est que la "pré-feuille de route budgétaire de 2021" est porteuse d'une correction à la hausse des dépenses de fonctionnement dans un contexte budgétaire tendu, plaidant plutôt en faveur de l'investissement. Il faut s'attendre à ce que le retour à la croissance soit long et lent et que les finances publiques s'enlisent dans le rouge pendant encore plusieurs années. L'ampleur et la hausse à vive allure des déficits jumeaux exigent une action urgente, car la dette publique augmente et les avoirs extérieurs risquent de s'épuiser brusquement. Les tentatives de régler la question du double déficit à coups de restrictions des importations et des milliards de dinars issus de la planche à billets ont montré leurs limites. Le besoin de réformes structurelles n'a jamais été aussi pressant. L'équilibre budgétaire ne viendra plus du marché pétrolier.