Les déficits budgétaire et courant devraient se creuser en 2020, traduisant l'excès de la dépense à un moment où l'économie devrait connaître une récession de -2,63%. Les cadrages macroéconomiques de l'actuel exercice ont été revus de fond en comble dans le sillage de la chute des cours du brut. Le projet de loi de finances complémentaire (PLFC), en attente d'être débattu au Parlement, présente un budget rectifié, bâti désormais sur un prix de référence du baril de pétrole à 30 dollars contre 50 dollars dans la loi budgétaire fondamentale et un prix du marché à 35 dollars contre 60 dollars dans la loi de finances 2020. Bien évidemment, la chute des prix du pétrole entraînera une contraction des recettes en devises ainsi que des revenus de la fiscalité pétrolière libellée en dinars. La fiscalité ordinaire devrait à son tour se rétrécir sous l'effet du déclin de l'activité économique. Ainsi, selon le cadrage macroéconomique contenu dans le PLFC 2020, le gouvernement s'attend à ce que les recettes budgétaires reculent à 5 395,5 milliards de dinars à fin 2020, contre une prévision de recettes de 6 289,7 milliards de dinars dans la loi de finances initiale, à raison de 1 394,7 milliards de dinars de fiscalité pétrolière et de 4 001,1 milliards dinars de fiscalité ordinaire. Quant aux dépenses, celles-ci connaîtraient à leur tour une contraction globale de 6% ; le budget de fonctionnement, hors salaires et transferts sociaux, reculera de 141 milliards de dinars (-3%) par rapport à la loi de finances préliminaire pour 2020, alors que les dépenses d'équipement baisseront de 309 milliards de dinars (-10,5%) pour passer à 2 620,3 milliards de dinars, contre 2 929,7 milliards de dinars dans la loi préliminaire. De ce fait, le déficit budgétaire devrait culminer à près de 2 000 milliards de dinars (-1 976,9 milliards de dinars), correspondant à 10,4% du produit intérieur brut (PIB). La hausse du déficit budgétaire se confirme ainsi, étant donné que les précédentes prévisions s'établissaient à un déficit de -1 533,4 milliards de dinars, soit 7,2% du PIB. Les déficits extérieurs ne devraient pas déroger à la règle nonobstant l'optimisme du gouvernement quant à sa capacité de réduire les importations à 33,5 milliards de dollars cette année. En revanche, les exportations en valeur des hydrocarbures au titre de l'actuel exercice devraient se contracter à 17,7 milliards de dollars, contre une prévision initiale de 35,2 milliards de dollars. La baisse prévisionnelle de 4,7 milliards de dollars de la valeur courante des importations de marchandises et de 2,3 milliards de dollars des importations de services ne suffit point pour atténuer l'aggravation du déficit de la balance des paiements. Celle-ci devrait enregistrer un solde négatif de -18,8 milliards de dollars à la fin de l'exercice, contre une prévision de déficit de -8,5 milliards de dollars dans la loi de finances 2020. Lié intimement au déficit du solde global de la balance des paiements, le stock des réserves de change devrait se contracter fortement cette année. À 30 dollars le baril de pétrole, les réserves de changes seraient ramenées à 24,2 milliards de dollars à fin 2020, soit environ 6,1 mois d'importations, anticipe la Banque mondiale dans son rapport de suivi de la situation économique de l'Algérie, publié au mois d'avril dernier. Par ailleurs, le projet de loi de finances complémentaire 2020 table sur une forte décélération de la croissance (-2,63%), contre une croissance positive de 1,8% prévue dans la loi budgétaire initiale, confirmant ainsi l'énorme déclin de l'activité économique dans le pays. Ali Titouche