Le double choc induit par la pandémie de Covid-19 et la baisse des prix du pétrole sera plus violent qu'attendu sur l'économie algérienne. Dans un rapport intitulé "Commercer ensemble : vers une relance de l'intégration de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord à l'ère post-Covid", la Banque mondiale table sur une contraction du produit intérieur brut (PIB) réel de l'Algérie de -6,5%. L'institution de Bretton Woods s'attend néanmoins à une reprise en 2021, en anticipant une croissance de +3,8%. L'institution financière internationale prévoit, cependant une croissance de 2,1% en 2022. Les perspectives du compte courant et des soldes budgétaires se sont également détériorées. Poussés à la fois par la diminution des recettes d'exportation pétrolière, la chute d'autres recettes budgétaires et les dépenses requises pour faire face à la pandémie, le solde du compte courant devrait s'établir à -14,4% cette année, et atteindrait -15,7% l'année prochaine, avant de baisser légèrement à -14,6% en 2022. Le solde budgétaire devrait également se dégrader pour afficher -15,8% en 2020 et -12,9% en 2021. Selon le rapport, les perspectives concernant le prix du pétrole restent largement tributaires de l'économie mondiale et de l'alliance de l'Opep. "La demande de pétrole ne devrait pas revenir de sitôt à son niveau d'avant la pandémie, au regard des incertitudes considérables qui entourent l'économie mondiale", estime, néanmoins la Banque mondiale. La courbe des contrats à terme semble indiquer que le marché anticipe des prix qui resteraient inférieurs à 50 dollars le baril jusqu'à fin 2022. Le rapport relève que l'intégration de la région Mena — tant entre ses pays qu'avec le reste du monde — laissait à désirer avant la pandémie pour plusieurs raisons d'ordre économique, telles que de mauvaises performances en matière de logistique, l'inefficacité des services douaniers, le niveau élevé des coûts d'infrastructures, l'inadaptation des cadres juridiques à l'investissement et l'hétérogénéité des réglementations, qui s'ajoutent au coût élevé des opérations commerciales et représentent désormais des obstacles non tarifaires au commerce. Les obstacles liés à l'économie politique limitent aussi la coopération, tandis que les conflits et la violence ont des conséquences qui entravent les échanges commerciaux et freinent la croissance économique. "Malgré les nombreux accords commerciaux et les efforts d'intégration, la contribution de l'intégration commerciale à la croissance économique reste inférieure aux attentes", lit-on dans le document. L'UMA affiche l'un des plus faibles niveaux d'intégration au monde. En 2018, le commerce intrarégional au sein de l'UMA ne représentait que 2,4% du volume total des échanges commerciaux de ses pays membres. Le rapport constate que l'Algérie n'exploite pas sa proximité géographique. Le rapport fait remarquer que la part des exportations de haute technologie dans les exportations de produits manufacturés est inférieur à 1%.