L'assureur-crédit français note que les pays exportateurs de matières premières sont ceux dont le solde budgétaire devrait le plus se détériorer cette année. L'assureur-crédit français (Coface) classe l'Algérie dans la catégorie D, pays à risque très élevé en matière d'impayés des entreprises. Les défaillances d'entreprises devraient augmenter considérablement en Algérie, avertit la Coface, soulignant que la hausse de la sinistralité reflète une montée du risque de crédit des entreprises à court terme partout à travers le monde. Le classement de la Coface, publiée hier, bâti essentiellement sur une expertise macroéconomique en matière d'appréciation des risques pays, sur l'appréciation de l'environnement des affaires ainsi que les données macroéconomiques, fait ressortir une perspective à risque pour l'ensemble des pays africains exportateurs de pétrole ; ceux-ci paient leur exposition à la forte volatilité des cours du brut sur le marché mondial. Ainsi, les principaux pays exportateurs du pétrole du Continent, l'Algérie, l'Angola, le Nigeria, sont classés dans la catégorie D des pays à risque très élevé de défaillances d'entreprises. C'est une conséquence prévisible du double choc coronavirus-chute des cours du brut. "Malgré un rebond des cours anticipé au 2e semestre par Coface, le niveau anticipé (35 dollars en moyenne prévu en 2020 pour le baril de Brent) est insuffisant pour que la plupart des principaux pays exportateurs équilibrent leurs soldes budgétaire et courant", écrit la Coface dans son enquête prospective. L'assureur-crédit rappelle qu'à cet effet prix s'ajoute un effet volume pour ces pays (dont l'Arabie saoudite) qui ont accepté de réduire drastiquement leur production afin de limiter l'ampleur de la chute des cours engendrée par celle de la demande. Au plan macroéconomique, l'Algérie figure sur la liste des pays qui subissent le plus la violence du choc provoqué par la dégringolade des cours du brut. Les déficits budgétaire et courant devraient se creuser davantage cette année, réduisant fortement la marge budgétaire du gouvernement ; celle-ci étant très étroite depuis le choc pétrolier de la mi-2014. "Les pays exportateurs de matières premières sont ceux dont le solde budgétaire devrait le plus se détériorer cette année (respectivement -15 % et -16 % du PIB pour l'Algérie et Oman, prévu par le FMI)", souligne la Coface. L'ampleur de la récession cette année, due à la propagation de la pandémie de Covid-19, a conduit de nombreux pays à réfléchir des plans de relance afin de limiter les dégâts. L'assureur-crédit anticipe une chute de 4,4% du PIB mondiale cette année. Les effets de la crise sur la croissance sont désastreux et les défaillances d'entreprises devraient augmenter d'un tiers dans le monde d'ici 2021 par rapport à 2019. Cette sinistralité devrait affecter toutes les principales économies matures : Etats-Unis (+43 %), Royaume-Uni, (+37 %), Japon (+24 %), France (+21 %), Allemagne (+12 %). Mais beaucoup d'économies émergentes (+44% au Brésil, +50 % en Turquie) seront aussi affectées par les conséquences économiques des mesures de confinement ainsi que la chute des recettes touristiques, des remises des travailleurs expatriés et celles liées à l'exploitation des matières premières dont les cours ont baissé, prévoit la Coface.