Dans son quatrième rapport d'une série d'exposés annuels sur la région, qui regroupe l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l'Egypte, la Jordanie, le Liban, Djibouti, l'Iran, l'Irak, la Syrie, le Yémen, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, Oman, Bahreïn ainsi que les territoires de Cisjordanie et Ghaza, et portant sur le thème « Développements économiques et prospects pour le MENA, 2008 », la BM rend compte des principaux développements macroéconomiques du point de vue régional ainsi que des progrès enregistrés dans les réformes structurelles. L'accent thématique du rapport, de cette année, est l'intégration intrarégionale. Celle-ci est considérée non seulement comme un ensemble d'accords commerciaux préférentiels, mais aussi comme un moyen d'encourager le flux de la main-d'œuvre, des capitaux et des investissements. Pour la BM, un certain nombre de facteurs sont susceptibles de façonner le profil de la croissance dans la région MENA à moyen terme. On anticipe un allègement de la demande des pays industriels en 2008, principalement aux Etats-Unis. Cette situation sera accompagnée de prix du pétrole toujours plus élevés à l'échelle mondiale, liés à une forte demande dans les pays émergents et à des restrictions de l'offre, indique le rapport. Ainsi, note le rapport, les pays exportateurs de pétrole bénéficieront un temps de cette hausse et soutiendront la croissance régionale à un rythme rapide de 5,9% en 2008. Les prix des produits alimentaires resteront élevés, mettant la pression sur les équilibres budgétaires et externes de nombreux pays de la région MENA importateurs de produits alimentaires. « Lorsque l'environnement mondial se stabilisera, d'ici 2009 et 2010, la région MENA devrait être capable de maintenir une forte croissance de respectivement 5,6 et 5,3%, avec des gains par habitant de 3,3% en moyenne en 2010. Les conditions nationales varieront nettement d'une économie à l'autre dans la région. De plus, le flux des développements lié aux tensions continues dans la région affectera le niveau de confiance des investisseurs à l'échelle mondiale et régionale », souligne la BM, pour qui « les pays de la région MENA disposent de perspectives positives et de l'opportunité de faire avancer des réformes, et se trouvent dans une meilleure position pour garantir une croissance soutenue et créer des emplois dans cet environnement de concurrence mondiale ». Mais pour la BM, la nécessité d'une intégration intrarégionale est plus que souhaitée. Certes, la région ne manque pas d'accords formels où beaucoup d'accords intrarégionaux ont été signés ces dernières décennies et au moins un accord global au niveau géographique, la Zone arabe de libre-échange (Pan Arab Free Trade Agreement ou PAFTA) est en cours de mise en œuvre. Cependant, note le rapport, l'impression générale est que le commerce intrarégional est « faible » comparé au potentiel et aux niveaux élevés que connaissent les zones économiques dans le reste du monde, citant comme exemple les exportations de marchandise intrarégionales entre les membres de la PAFTA et qui ne représentent qu'environ 9% des exportations totales de la zone. Les raisons d'un tel faible taux d'intégration est expliqué, entre autres, par des choix politiques incluant des niveaux inégaux de protection des importations (taux de droits à l'importation largement différents), des niveaux élevés des obstacles non tarifaires et la médiocrité de la logistique (comprenant les dispositions douanières, de port et de transport). Par contre, note le rapport, la région MENA est plus intégrée sur le plan de la mobilité de la main-d'œuvre que sur le plan du commerce et de l'investissement. En ce qui concerne les investissements intrarégionaux, la BM note que la situation est prometteuse. L'amélioration du climat commercial dans certains pays de la région MENA, associée à la libéralisation économique et au développement de la privatisation, ont contribué à accroître les investissements intra-arabes. Pour la BM, des opportunités importantes et inexploitées sont perceptibles dans des secteurs qui ont largement été négligés jusqu'ici dans les efforts d'intégration régionale, notamment en matière de facilitation du commerce et du transport, ainsi que celle d'ouverture du marché des services. Par ailleurs, concernant l'Algérie, le rapport de la BM a souligné, en termes de progrès dans les réformes structurelles, une nette amélioration du climat des affaires, de la politique commerciale et de la responsabilisation du secteur public, tout en notant la dégradation en termes de qualité de l'administration.