Le projet de loi de finances (PLF) 2021 présenté, lundi, devant la commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN) prévoit une augmentation du déficit du Trésor public à 17,6% du produit intérieur brut (PIB) du pays en 2021. Le déficit budgétaire passera, en revanche, à 3 614,42 milliards de dinars en 2021 contre 2 954,88 milliards de dinars dans la LFC 2020. Pour combler ce déficit budgétaire, la démarche adoptée par les pouvoirs publics consiste à s'appuyer sur "les méthodes traditionnelles et en recourant à la dette intérieure", avait expliqué la ministre des Relations avec le Parlement, Basma Azouar, qui répondait aux préoccupations des membres de la commission des finances et du budget à l'Assemblée populaire nationale (APN). Certes, dans ses cadrages budgétaires pour la période 2020-2023, le gouvernement anticipe un rebond de l'économie, envisageant une croissance positive de 7,24% en moyenne sur la période 2021-2023 dans le secteur des hydrocarbures. Le projet de loi de finances 2021 prévoit, par ailleurs, un recul des cours de change du dinar contre le dollar américain (USD), où la moyenne annuelle devrait atteindre 142,20 DA/dollar en 2021, 149,31 DA/dollar en 2022 et 156,78 DA/dollar en 2023. Reste qu'il est plus qu'évident que l'équilibre budgétaire ne viendra plus des recettes des hydrocarbures. Avec des réserves de change qui se rétrécissent comme une peau de chagrin (47 milliards de dollars à fin 2021), s'achemine-t-on vers le financement monétaire du déficit budgétaire ? La question mérite d'être posée d'autant que cela a été le cas durant l'année 2019. En effet, selon les chiffres du ministère des Finances, le financement du solde global du Trésor, à fin octobre 2019, l'a été en grande partie par les banques. 1 313 755 milliards de dinars contre 489 401 milliards de dinars de financement non bancaire. Cette option risque d'être problématique compte tenu de la situation de manque de liquidités qui prévaut depuis plusieurs mois dans le secteur bancaire. D'ailleurs, pour faire face à l'assèchement des liquidités, la Banque centrale avait, en septembre dernier, baissé le taux des réserves obligatoires à 3% pour mettre à la disposition des banques et des établissements financiers des moyens supplémentaires en faveur du financement de l'économie nationale et du soutien de l'activité économique. Le gouvernement place en première ligne l'objectif de la relance économique. Et pour financer cette relance, les banques sont appelées à jouer un rôle prépondérant. Solliciter les banques pour le financement du déficit budgétaire, c'est amputer leur apport dans le financement de la relance économique. Le gouvernement pourrait éventuellement procéder à réduire le déficit artificiellement à travers une dévaluation du dinar, laquelle augmenterait la fiscalité pétrolière. Mais là aussi, il faut prendre en compte le risque inflationniste qui pourrait en résulter. Le gouvernement se devait, dans une telle conjoncture, privilégier la rationalité des dépenses et opter plus vers l'investissement. Malheureusement, il en ressort à travers ce PLF 2021 que les dépenses de fonctionnement demeurent toujours en forte hausse (plus de 10%) contrairement aux engagements et instructions du président de la République au gouvernement. La gestion des finances publiques nationales risque ainsi de s'avérer être un exercice très compliqué. Et devant le manque de solutions, l'option de la planche à billets, même si elle est écartée pour le moment, risque de revenir sur la table.