Des ressources financières limitées, des dépenses sociales incompressibles, un cours du pétrole durablement dérisoire et des recettes fiscales ordinaires et pétrolières maigres et insuffisantes... C'est dans ce contexte si défavorable que le gouvernement est appelé à ficeler le budget de l'Etat pour l'exercice à venir. Très complexe, si l'on regarde de près l'état des recettes prévisionnelles arrêté pour l'année prochaine à travers le projet de loi de finances 2021 (PLF 2021). Tel qu'examiné au début du mois courant en Conseil des ministres, le PLF, dont l'Exécutif s'est comme abstenu de rendre publics les déficits autorisés et les principaux cadrages économiques prévus (taux de change, inflation, cours de référence du baril...), affiche des niveaux de recettes en nette contraction, alors qu'ils étaient déjà très bas depuis fin 2019, à la suite du renoncement au dispositif de "la planche à billets". Ainsi, les recettes définitives appliquées au budget de l'Etat pour l'année 2021 sont arrêtées, à travers le PLF, à un total général de l'ordre de 5 328 milliards de dinars, soit un niveau déjà moindre que les 5 395,5 milliards de dinars prévus dans la loi de finances complémentaire (PLFC 2020), mais encore nettement inférieur aux 6 289,7 milliards de dinars fixés auparavant dans la loi de finances initiale pour l'exercice en cours. Dans le détail, les ressources ordinaires prévues pour 2021 seront en baisse à un peu plus de 3 408 milliards de dinars, contre 4001,1 milliards dans le PLFC 2020. Celles attendues au titre de la fiscalité pétrolière resteront également très faibles à 1 919 milliards de dinars, selon les prévisions du PLF 2021. Les projections intégrées dans le même texte pour les deux exercices suivants font ressortir des tendances d'évolution des ressources budgétaires à un rythme relativement similaire à celui de 2021, soit des niveaux de recettes totales d'un peu plus de 5 673 milliards de dinars pour 2022 et 5 874 milliards de dinars pour 2023. Les cours du pétrole n'étant attendus, dans les meilleurs scenarii, qu'à 50 ou 60 dollars le baril d'ici à l'année prochaine, force est de redouter en définitive l'émergence de tensions aggravées sur le budget et la trésorerie de l'Etat, similaires à celles qui ont précipité le recours au financement non conventionnel, il y a trois années en arrière. Cette option de planche à billets étant, cependant, écartée par l'Exécutif pour des considérations à l'évidence politiques, l'amenuisement continu des ressources budgétaires risque, au demeurant, de faire exploser davantage les déficits publics, qui évoluent déjà à des niveaux abyssaux. D'autant plus que le rythme des dépenses courantes de l'Etat devra reprendre sa tendance fâcheuse à l'emballement, au regard du projet de loi de finances proposé pour l'exercice prochain. À rappeler que le déficit budgétaire autorisé à travers le PLFC 2020 caracole déjà à 1 976,9 milliards de dinars, soit -10,4% par rapport au produit intérieur brut (PIB), contre -1 533,4 milliards de dinars prévu dans la loi de finances initiale, soit -7,2% du PIB. Et au vu des niveaux de recettes attendus pour l'exercice à venir, le déficit budgétaire et celui du Trésor public devront sans doute enregistrer de nouveaux records et l'Exécutif aura ainsi de plus en plus de mal à bien ficeler ses budgets.