La rentrée scolaire 2020-2021 a été exceptionnelle. Hormis le contexte de crise sanitaire lié à la pandémie de Covid-19, des insuffisances matérielles, pédagogiques et organisationnelles sont apparues et que certains attribuent à la politique de "tâtonnement" suivie par le secteur. Interrogés à ce sujet, des acteurs de la communauté éducative ne mâchent pas leurs mots. "Hormis l'eau de Javel et les citernes d'eau, il n'y a rien d'autre. L'état de certaines écoles est catastrophique et cela ne date pas d'aujourd'hui", tel est le constat implacable que dresse le SG du Satef, Boualem Amoura. Selon lui, mis à part les sempiternels problèmes de transport scolaire et des cantines, "les dysfonctionnements" apparus lors de ce retour des élèves sur les bancs de l'école ne se limitent pas à l'aspect matériel. Car, du côté pédagogique la situation n'est guère plus reluisante, estime-t-il, en voulant pour preuve la décision d'"allonger" le premier trimestre sur presque 4 mois ce qui ne ferait qu'entraîner la saturation des enseignants et des élèves. "N'aurait-il pas mieux valu répartir les six ou sept mois en deux mois et demi en divisant le premier trimestre en deux pour avoir trois trimestres en tout", préconise-t-il. "En outre, le calendrier des examens, qui, prévoit des évaluations des 1er et 2e trimestres, a laissé ouvert celui du 3e trimestre. De plus, la date des examens pour les élèves du BEM, du bac et de la 5AP n'est pas précisée", poursuit-il. L'autre anomalie relevée a trait à la répartition du volume horaire d'enseignement pour le cycle primaire, dont l'une des conséquences est que les programmes ne pourront jamais être achevés. Et d'expliquer : "On donne aux enseignants trois séquences en langue arabe au collège en leur demandant de les terminer en trois semaines, alors qu'une séquence nécessite trois semaines. En sus, on leur demande de rattraper les cours du 3e trimestre de l'année précédente." Les directeurs des écoles primaires ne sont pas en reste, puisque les établissements où est instaurée la double vacation doivent travailler 10 heures par jour, alors que la loi stipule 40 heures par semaine. "Cette situation engendrera la colère des travailleurs", conclut notre interlocuteur. Pour sa part, le président de l'UNPEF, Sadek Dziri, a, tout en relevant l'absence des communes lors de cette rentrée scolaire, mis l'accent sur les déficiences relevées en matière pédagogique, celles-là mêmes posées par les plans exceptionnels parmi lesquels la question du volume horaire pour le cycle primaire. Et de préciser : "Alors que l'enseignant n'a jamais dispensé plus de 27 heures, voire 21heures pour les première et deuxième années pour la simple vacation, il se retrouve maintenant avec 14 heures par vacation. Et si on multipliait par deux groupes, l'enseignant devra travailler 28 heures au lieu de 21 heures. Ce qui est exagéré y compris pour les élèves." D'où l'appel lancé au ministère de l'Education pour remédier à cette question, en recommandant que le volume horaire attribué à chaque groupe ne dépasse pas 12 heures pour chaque groupe, en application d'un précédent accord avec le ministère de tutelle. Le protocole applicable définit le volume horaire à raison de 12h pour le régime de la simple vacation et 14h pour la double vacation. Le porte-parole du Cnapeste, Messaoud Boudiba, qui a fait état d'écho quant aux problèmes liés à l'application de l'emploi du temps, et des situations "illogiques" où l'enseignant doit travailler plus de 32 séances, préconise l'ouverture de postes budgétaires pour le recrutement d'enseignants, afin de réduire un tant soit peu des problèmes constatés lors de cette rentrée scolaire. Si ces problèmes venaient à perdurer, ils pourraient être à l'origine d'instabilité du secteur de l'éducation. Tout en faisant part de la "panique" qui s'est emparée des parents d'élèves lors de cette rentrée partielle, où les écoles primaires étaient "livrées à elles-mêmes", il a estimé que le 4 novembre prochain, il y aura 10 millions d'élèves et 1 million des personnels des établissements qui vont rejoindre les écoles. Et d'avertir : "La situation se compliquerait davantage s'il venait à manquer les moyens nécessaires à la mise en œuvre du protocole sanitaire et des plans exceptionnels liés aux emplois du temps et aux programmes." A. R.