Résumé : Nedjma pleure son fils. Elle découvre que les photos lui prouvent que ses doutes étaient fondés. Elle se rappelle que jeune il n'avait jamais fréquenté les filles. À chaque fois qu'elle a rencontré ses amis, elle les a pris en grippe. Elle en connaît maintenant la raison. Elle comprend mieux pourquoi il ne veut plus vivre au pays. Elle regrette d'être venue et de connaître la vérité... Nedjma n'a pas fermé l'œil de toute la nuit. Elle se lève bien avant la prière de l'aube et fait ses ablutions. Les larmes se mêlent à l'eau. Elles ne cessent de couler même si elle voudrait arrêter de pleurer. Quand elle prie cette aube-là, elle ne cesse d'implorer Allah pour qu'Il guide Rédha sur le droit chemin. Il lui semble avoir perdu son fils et qu'à moins d'un miracle elle ne le retrouve pas. Elle sort les cadeaux de sa valise puis range, dans un petit compartiment secret, les photos que Fadhéla ne doit jamais voir. Nedjma est partagée. Elle se demande si elle doit discuter avec Rédha ou si elle doit mettre en garde sa belle-fille du penchant de son mari. En fait, il y a tellement d'interrogations sans réponse évidente et tellement de "si" qu'elle en a la migraine. Elle s'allonge et tire la couette sur elle. Il est encore trop tôt pour se lever. Elle ne veut pas les réveiller en allant à la cuisine même si elle a besoin d'un café serré. Elle a envie d'appeler Samra, sa fille, sa confidente, mais en quoi pourrait-elle l'aider ? Elle se sent seule, impuissante, en colère envers elle-même et Rédha. Qu'adviendra-t-il de sa famille ? Toute sa vie elle a attendu qu'il fonde un foyer, et le voilà qu'avec cette triste réalité il se brisera aussi vite qu'il s'est construit alors qu'un heureux événement arrivera bientôt. "Aalech ya Rebi, aalech ? Pourquoi ce malheur frappe ma famille ?" Nedjma entend du bruit et des va-et-vient dans le reste de l'appartement. Rédha et Fadhéla discutent. Parfois, elle les entend rire, un peu. Elle ne quitte pas son lit et n'a aucune envie de les voir. Elle en veut à Rédha de les avoir trompées. Elle se demande comment elle pourra regarder Fadhéla en face sans lui dire la vérité, sans briser leur foyer. Elle n'en aura jamais le courage. Mais, en décidant de se taire, elle culpabilise. Elle ne veut pas être l'architecte de leur malheur. Comme elle s'y attend, Fadhéla ne tarde pas à frapper à la porte et ouvre, glissant la tête, pour s'assurer qu'elle ne dort plus. - Yemma, bonjour ! - Bonjour ma fille, répond Nedjma, d'une petite voix. Fadhéla s'inquiète tout de suite et s'approche d'elle, s'asseyant sur le bord du lit. - Mais qu'est-ce que tu as ? - Je crois que j'ai fait une allergie, ment Nedjma, alors que Fadhéla pose la main sur son front pour s'assurer qu'elle n'a pas de fièvre. - Tu es fiévreuse. Pourquoi ne nous as-tu pas réveillés ? Je t'aurais donné un médicament ou on t'aurait emmené aux urgences. Peux-tu t'asseoir ? Attends, je vais t'aider. Mais Nedjma refuse. - Je n'ai pas dormi de toute la nuit. Si vous le permettez, je vais essayer de dormir un peu. - Mais non, tu ne peux pas rester comme ça, sans soin, s'écrie Fadhéla. Je vais dire à Rédha d'appeler un médecin. Yemma, peut-être que tu couves une maladie grave. - Non, laisse le tranquille. J'ai juste besoin de dormir un peu, dit Nedjma, en la retenant par la main. Je crois que le changement de climat y est aussi pour quelque chose. Laisse-moi dormir un peu. Si dans quelques heures mon état ne s'est pas amélioré, tu feras ce que tu veux. Va t'occuper de ton mari. Sois gentille, ne lui dis rien. Je ne veux pas qu'il s'inquiète et qu'il se mette en retard à cause de moi. S'il te plaît, ferme la porte ! Fadhéla obéit à contre cœur. Mais, en ne disant rien à Rédha, il lui semble manquer à son devoir...
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