Le procureur a révélé que le principal accusé a transféré entre 2017 et 2019, un peu plus d'un million de dollars vers l'étranger et l'équivalent de 192 millions de dinars en euros. Le procès en appel de Mahieddine Tahkout dans lequel sont impliqués les deux anciens Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, ainsi que plusieurs autres hauts cadres de l'Etat a repris, hier, à la cour d'Alger avec le réquisitoire lourd du représentant du ministère public. En effet, le procureur de la République a requis 18 ans de prison ferme, une amende de 8 millions de dinars et la saisie de tous les biens de Mahieddine Tahkout. Dans son réquisitoire, le procureur a révélé que le principal accusé a transféré, entre 2017 et 2019, un peu plus d'un million de dollars vers l'étranger et l'équivalent de 192 millions de dinars en euros. Il a également levé le voile sur l'affaire Suzuki, en précisant que Tahkout a importé 9 voitures pour les présenter comme modèles qui devraient être montés par son usine, et ce, "sans l'accord préalable du Conseil national d'investissement" qui devrait "valider tout dossier d'investissement". Il a souligné que cette opération a coûté 820 000 dollars. "Mahieddine Tahkout, à travers ses activités dans le montage automobile et le transport urbain et universitaire, a bénéficié de 136 milliards de dinars d'avantages", a encore révélé le procureur, estimant que les marchés obtenus par les entreprises du groupe Tahkout "sont entachés d'énormes irrégularités". "Les entreprises du groupe Tahkout, malgré ces avantages, n'ont jamais respecté leurs engagements contractuels", a encore accusé le procureur, mettant l'accent sur les marchés décrochés auprès de l'Office des œuvres universitaires dans 12 wilayas du pays et auprès de l'Etusa. Sur ce point, il a informé que "le cahier des charges a été élaboré en fonction des capacités de Tahkout qui a raflé le marché dans 12 wilayas". "C'est un cahier des charges sur mesure qui a permis à Tahkout de monopoliser l'activité", a-t-il enchaîné, révélant que "des cadres qui ont refusé de signer les contrats ont été limogés". Evoquant les activités de TMC, le procureur a estimé que l'entreprise "a baigné dans l'irrégularité", provoquant "un siphonnage de la devise". "L'usine dite de montage de véhicules n'en est pas une. Il pratiquait le gonflage des pneus", a ajouté le procureur, révélant que la "plupart des projets du groupe ont été financés en partie par des banques". Sur un autre volet, le représentant du ministère public a souligné que les accusés parmi la famille Tahkout "détiennent des biens à l'étranger, notamment en France". Le procureur a requis 12 ans d'emprisonnement et une amende de 8 millions de dinars contre chacun des anciens Premiers ministres. Il a requis 10 ans de prison ferme et une amende 8 millions de dinars contre Amar Ghoul, Youcef Yousfi et Abdelghani Zaâlane. 8 ans de prison ferme et une amende de 8 millions de dinars ont été requis contre Hamid, Rachid, Nacer et Billel Tahkout. Le procureur a demandé 6 ans de prison ferme et une amende de 3 millions de dinars contre Abdelkader Benmiloud, ancien directeur de l'Etusa. Concernant les personnes morales, le procureur a requis 32 millions de dinars d'amende et la saisie de toutes ces entreprises. À la fin du réquisitoire, ce sont les avocats de Youcef Yousfi qui ont ouvert le bal des plaidoiries. Ils ont mis l'accent dans leur défense sur le fait que le dossier dans lequel leur mandant est accusé "a été traité auparavant par la justice" (dossier Sovac). Ils ont ajouté qu'un ministre "n'est pas forcément un connaisseur dans le domaine administratif et technique". "Ces volets sont traités et assurés par une administration sur laquelle s'appuie un ministre", ont-ils dit, considérant qu'un membre du gouvernement "est désigné pour appliquer une politique et non pour un travail technique ou administratif".