L'ouverture du capital des banques publiques ainsi que l'ouverture de nouvelles banques privées ont été évoquées, à nouveau, par le ministre des Finances. Sous la pression de la crise, le gouvernement envisage à nouveau d'ouvrir le capital des banques publiques, une option présentée par le ministre des Finances comme une des solutions envisagées aux fins de diversifier les ressources financières. L'annonce a été faite par le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, lors d'une séance plénière consacrée aux réponses aux questionnements soulevés par les députés, dans le cadre des débats sur le projet de loi de finances 2021. La hausse du déficit budgétaire a suscité la curiosité des membres de la Chambre basse du Parlement qui s'interrogeaient sur le comment de son financement à l'heure où les disponibilités financières se réduisent comme peau de chagrin. Répliquant à la problématique posée par les députés, le ministre des Finances a assuré que le gouvernement travaille sur un plan permettant la diversification des sources de financement de l'économie à travers des ressources alternatives aux hydrocarbures et qui seront accompagnées de nouvelles mesures afin de garantir l'efficacité des dépenses publiques. Les procédures de diversification des ressources financières incluent également "des réformes visant le développement et l'amélioration des produits de la finance et des assurances islamiques, la redynamisation de la Bourse d'Alger, la promotion du rôle des banques dans l'accompagnement de l'investissement et des entreprises et l'ouverture du capital des banques publiques ainsi que l'ouverture de nouvelles banques privées", a indiqué le ministre. Même si le gouvernement semblait avoir tranché, ses plans en faveur de l'ouverture du capital des banques publiques doivent encore faire l'objet d'études et de discussions. Par souci de faire face à la crise de liquidités, l'Etat propriétaire a jugé utile de tailler dans sa présence dans l'actionnariat et la gouvernance de ses banques. Le gouvernement sait que tôt ou tard les vraies problématiques du secteur bancaire vont ressurgir après avoir été cachées par la planche à billets ; laquelle option avait permis de renflouer à coups de centaines de milliards de dinars les caisses de nombre de banques publiques. Cette alternative semble avoir montré ses limites, puisque les banques publiques sont aussitôt retombées dans la sous-liquidité après que les autorités aient décidé de lever le pied sur la création monétaire. Avec l'idée d'ouvrir le capital des banques publiques à l'actionnariat privé, l'Exécutif fait revivre une option maintes fois évoquée par le passé, sans que les précédents gouvernements n'aient eu le courage de passer à l'acte. Le CPA (Crédit populaire d'Algérie) devait s'ouvrir à l'actionnariat privé à hauteur de 51% dès 2007 ; l'option étant validée par le CPE le 14 juin 2003, mais l'option a été abandonné courant novembre 2007 en raison du retrait de certaines banques postulantes. Une ouverture minoritaire du capital de la BDL (30%) avait été également envisagée mais le processus n'a jamais débuté. Une privatisation du CPA via la Bourse a été une seconde fois évoquée en 2015. Le CPE avait validé l'option d'introduire huit entreprises publiques en Bourse, dont le Crédit populaire d'Algérie, mais le projet n'a pas été concrétisé pour des raisons jusqu'ici inexpliquées. L'idée d'ouvrir le capital des banques publiques revient à nouveau sur le devant de la scène avec, comme objectif, un apport de capitaux et des économies de coûts, en réduisant le concours financier de l'Etat. L'option de l'ouverture du capital l'a emporté sur l'idée d'une consolidation du secteur bancaire par la fusion des banques publiques pour en faire 3, 4 ou 5 grands établissements bancaires publics. Il est vrai que cette option pourrait permettre de rationnaliser les coûts et d'optimiser les moyens, mais les banques demeurent confrontées à de sérieux problèmes, dont la baisse des liquidités. Mais pas seulement, les banques publiques se sont distinguées ces dernières années par la hausse des prêts improductifs et des créances sur certaines grandes entreprises publiques ainsi que par la dégradation de la qualité des portefeuilles en raison des encours importants sur les entreprises appartenant aux patrons faisant l'objet de mesures judiciaires. Le gouvernement soutient désormais ouvertement le projet d'ouverture du capital des banques publiques qu'il veut d'ailleurs voir se concrétiser rapidement. Tout comme l'idée de permettre à de nouvelles banques privées d'émerger dans un écosystème exagérément dominé par le secteur public et où la part des banques privées à capitaux étrangers demeure insignifiante et leur rôle un sujet à débats. Les banques privées à capitaux algériens sont en revanche inexistantes dans le paysage bancaire algérien. La question qui se pose est celle de savoir si les banques publiques sont privatisables en l'état ? À savoir avec leurs défauts opérationnels et managériaux ainsi qu'avec leurs boulets liés aux créances et aux prêts improductifs...