"Nous nous remettons toujours en question. Nous ne disons jamais qu'on est arrivé. Ce n'est pas dans ma mentalité", dira le coach national. Il est sur tous les fronts. Après avoir assuré la qualification à la CAN 2022, il fait le débrief du match contre le Zimbabwe et analyse l'état de son effectif. Ainsi, l'entraîneur national Djamel Belmadi n'a pas tardé à réagir à la dernière sortie de son joueur Youcef Belaïli qui a lui présenté publiquement ses excuses suite au retard accusé pour trouver un point de chute, lui qui a finalement opté pour la formation qatarie de Qatar SC. "Le problème de Belaïli est dans la constance", a indiqué Belmadi à la radio Chaîne 3, et d'ajouter : "Belaïli possède un talent extraordinaire, son seul souci, c'est la constance... Le talent de Youcef avec un professionnalisme à la Aïssa Mandi, le mec pourrait évoluer facilement à Tottenham ou à l'Atletico de Madrid et je suis sûr de ce que je dis", affirme-t-il. Et d'ajouter : "C'est ce qui est malheureux chez Belaïli, parce qu'il a tellement du talent qu'on voulait que cela soit accompagné d'une certaine stabilité, d'un environnement favorable autour de lui. Il faut qu'il comprenne qu'une carrière c'est une fois dans la vie et qu'il est difficile d'avoir des regrets après, c'est ce qui fait un peu mal pour lui." En outre, Belmadi rappelle qu'"à un certain moment on l'a relancé pour le bien de tous et il (Belaïli, ndlr) s'est formidablement performé. À la CAN il était très bon, pour retomber dans ses travers. Ça fait un peu mal, et moi ça me fâche. Ça me fâche surtout pour mon pays et pour le groupe. J'ai d'ailleurs du mal à le digérer". "Belaïli est un gentil garçon, je l'aime beaucoup et j'ai de l'affection pour lui. Avec l'EN, il est parfait que ce soit en dehors ou à l'intérieur, il bosse comme un malade, il est donc capable de hisser son niveau d'implication et de professionnalisme quand il veut, c'est ça ce qui fait mal en Belaïli", dira-t-il Toutefois, Belmadi espère récupérer au plus vite possible son poulain. "Je reste attentif à ce qu'il fait, et c'est à lui de se remettre au travail et d'être performant. C'est ce qu'il va faire maintenant qui m'intéresse le plus. Qu'il s'excuse au nom du pays et du groupe c'est bien, je le connais, c'est quelqu'un qui a du cœur. Il faut qu'il comprenne d'une manière définitive qu'il a 28 ans et qu'il a encore un peu de temps devant lui et une Coupe du monde qui arrive. Qu'il arrête avec les hauts et les bas qui empêchent sa progression dans le haut niveau", précise Belmadi. Pour rappel et juste la veille, Youcef Belaïli, invité par la chaîne qatarie Al Kass, s'est excusé auprès de Belmadi. "Mon absence avec l'équipe nationale est due essentiellement au passage à vide que j'ai enduré ces derniers mois, où je me suis trouvé sans club et sans le moindre entraînement", a fait savoir Belaïli, et d'ajouter : "Le sélectionneur national n'était pas très content de ma situation, il était même en colère contre moi, et je tiens à l'occasion à lui présenter mes excuses premièrement à lui et à tous les Algériens qui souhaitaient encore me voir avec l'EN." Pour Belamdi, "nous ne sommes pas encore qualifiés au Mondial 2022". "Certains nous voient déjà qualifiés, mais ce n'est pas le cas. Nous sommes en train d'étudier minutieusement nos adversaires, Niger, Djibouti el Burkina Faso. Ensuite, il faudra disputer le match barrage. Et une fois la qualification inchallah acquise, là on pourra parler des ambitions et des objectifs à la fois. Je peux vous dire que le match à domicile des éliminatoires de la CAN du mois de mars prochain sera l'occasion de faire une revue d'effectif, mais celui de l'extérieur face à la Zambie servira de préparation pour les éliminatoires du Mondial. Autrement dit, on utilisera les habituels titulaires", a déclaré le coach national qui affirme que les matches en Afrique sont particuliers. "Il faut garder les pieds sur terre" "Le climat, l'état des pelouses avec un petit côté d'insécurité qui peut peser dans les cerveaux lors des matches qui se jouent souvent dans l'après-midi, sans parler des conditions climatiques avec un taux d'humidité assez élevé. Et nouvelle chose que je ne veux pas décrier, à savoir des arbitrages parfois compliqués. Un but sur hors-jeu accordé au Zimbabwe. Certes, au final, le score est de 3 à 1 en notre faveur, mais ce but accordé pourra avoir son pesant d'or lors du décompte final, lors d'un match décisif de qualification de Coupe du monde. J'aime la difficulté comme cela s'est passé contre le Mexique. Malgré l'infériorité numérique, nous avons réussi à réaliser un grand match. C'est dans la difficulté qu'on élève notre niveau. J'aime ce genre de rencontres, car je sais ce que je suis en train de préparer avec ces éliminatoires de Coupe du monde qui se profilent déjà à l'horizon avec des rencontres difficiles qu'on jouera à l'extérieur avec ce match barrage des éliminatoires du Mondial qui s'annoncera difficile. Mais avant cela, il faut atteindre cette étape", fait-il savoir. "La défense ne m'inquiète pas" Questionné à propos de la défense qui encaisse beaucoup de buts, Belmadi est catégorique. "Je prends l'exemple du dernier match contre le Zimbabwe. Certes, nous avons encaissé deux buts sur coup de pied arrêté. C'est d'ailleurs 50% des situations de but marqués dans le monde. C'est dans ce genre de situations où nous étions très performants. Je ne veux pas faire la fine bouche sur le premier but du Zimbabwe, mais il aura fallu deux gardiens de but pour sauver la cage avec un super tireur spécialiste qui a mis la force nécessaire. Sur le deuxième but, on a commis des erreurs de marquage. Et si nous voulons partir loin dans les détails, je peux vous dire que certes nous concédons des occasions, mais peut-être en raison de l'absence d'un certain Youcef Atal alors que Réda Helaïmia ne démérite pas. Je suis d'ailleurs très content pour lui, car nous ne lui avons pas fait de cadeau, car il a joué contre le Nigeria et le Mexique ainsi que les deux rencontres des éliminatoires de la CAN. Mais il y a quand même un Atal qui a acquis cette place de titulaire avec des rencontres de haut niveau qui ont fait de lui un des meilleurs latéraux de France", a-t-il expliqué, et d'ajouter : "Nous avons aussi un certain Djamel Benalmri qui compte à son actif seulement 25 minutes disputées ces derniers 8 mois. Ça fait trop quand même ! Ça peut être un début d'explication par rapport aux buts encaissés. Mais l'animation défensive est la responsabilité de tout un groupe, toute une équipe. Peut-être qu'on a été un petit peu défaillant. Nous devons par conséquent bosser jusqu'au bout et faire en sorte de retrouver cette solidité défensive. En tout cas, je ne suis pas inquiet." "Ensuite, le but encaissé à domicile est entaché d'un hors-jeu flagrant. Même face au Mexique, notre défense a pris deux buts, mais n'oublions pas que nous avons affronté une grande nation du football de surcroît qui occupe la 9e place au classement FIFA. D'autant que c'est une équipe invaincue depuis 20 matches. C'est une équipe superperfomante. Nous gardons les pieds sur terre, mes joueurs aussi. Tout le monde doit le faire. Si nous avons gagné la CAN et en plus enchaîné les performances avec une série d'invincibilité, c'est la preuve vivante que nous avons gardé les pieds sur terre. Nous nous remettons toujours en question. Nous ne disons jamais qu'on est arrivé. Ce n'est pas dans ma mentalité." "Mahrez a joué les matchs du Zimbabwe avec des douleurs au dos" Le coach national a, par ailleurs, insisté sur le fait que les records sont importants à battre. "Nous sommes dans une aire des stats, aujourd'hui, il y a des ratios, tous les sports américains le font. Il y a des joueurs qui viennent me montrer des stats personnelles ou ceux de leur équipe. Ils sont attentifs à cela. La vérité qu'ils ont envie d'aller battre leur record. Moi, je suis beaucoup plus dans l'option progression dans le travail. Ce que je recherche vraiment est la qualification au Mondial, et si je perds un match aujourd'hui et me qualifie par la suite, je signe tout de suite. C'est bien, les joueurs sont complètement investis. Je suis leur porte-parole et tout le mérite leur revient, il ne faut pas l'oublier", a-t-il déclaré. Belamdi a tenu à rendre hommage au capitaine Mahrez. "Riyad a joué les deux derniers matchs avec des douleurs terribles au dos. Mais il tenait absolument à jouer, je lui ai donné la possibilité de faire l'impasse sur ces deux rendez-vous, il n'a pas voulu. Il est allé même faire un contrôle à Sidi-Moussa. Un gars comme Riyad est un amoureux de football. Et le voir écourter sa séance d'entraînement est tout sauf normal. Il a vraiment mal et diminué à la fois. Il n'a même pas célébré le but qu'il a marqué à l'aller tellement les douleurs étaient persistantes. Même au match retour, il a insisté à venir et jouer. Cela veut tout dire. Il part faire un long voyage en Afrique, alors qu'il a un match important face à Tottenham ce week-end", a-t-il indiqué. En outre, Belmadi a évoqué les cas des jeunes joueurs envoyés à l'étranger sans accompagnement. "L'accompagnement des joueurs est important. Nous ne pouvons pas les jeter dans cette jungle de football. Un joueur qui a 20 ans qui débarque à Nice, par exemple, comme c'est le cas de Hichem Boudaoui, doit avoir un accompagnement. J'avais d'ailleurs eu une discussion avec le président de la FAF à propos de Boudaoui qui n'est pas encore mature, je le trouve si jeune et encore gamin. Il est timide et réservé. L'envoyer à Nice comme cela, sans accompagnement est un grand choc pour le joueur. Franchement, je ne suis pas surpris des difficultés qu'ils éprouvent au sein de leur club sans parler des blessures. Je n'ai pas peur de le dire, j'ai même reçu les appels des dirigeants de Nice pour me demander comment remédier à leur situation, car ils voyaient des éléments performants en équipe nationale, contrairement au sein de leur club. En sélection, ils sont presque en confinement naturel, mais en club c'est le contraire. Après une heure et demi d'entraînement, ils se retrouvent libres en Côte d'Azur, à Nice. Ce n'est pas facile de garder la tête froide en gagnant de l'argent et en se retrouvant au sud de la France. Pour l'intérêt de tout le monde, il faut entourer ces joueurs". Le coach national n'a pas manqué à souligner les difficultés des joueurs des sélections africaines avec les prochains calendriers internationaux. "Les joueurs sont dépités avec le chevauchement des compétitions internationales entre éliminatoires CAN et Mondial, ainsi que leur engagement avec leurs clubs. De plus, jouer la CAN en pleine période d'intempéries est une mauvaise idée". Enfin, Belmadi espère voir Djamel Benlamri jouer plus souvent, ainsi que Atal retrouver son équipe, et que "Boudaoui rejouera dans son poste de prédilection".
