Résumé : Samra n'abandonne pas. Elle tente de convaincre son frère de reprendre sa vie en main. Ce ne sera pas un raqy qui changera son orientation sexuelle. Rédha a conscience de la souffrance de leur mère. Il est prêt à la suivre où elle veut. Lorsque Nedjma apprend que le raqy a été arrêté, Samra a le sentiment d'avoir fait une bonne action. Elle ne tarde pas à recevoir l'appel de Karima. Elle veut la voir en urgence. -Qu'est-ce qui t'arrive ? Pourquoi pleures-tu ? Qu'est ce qui te met dans cet état ? Karima s'accroche à elle comme à une bouée de sauvetage. Ses larmes se rejoignent sous son menton. Samra sent qu'elle a bien fait de répondre à son appel et d'être venue aussi vite. -Dis-moi ! En quoi je peux t'aider ? -Personne ne peut m'aider. Je préfère mourir. -Pourquoi ? Je t'en prie, parle ! -Je suis enceinte, lâche-t-elle en essuyant ses larmes. J'ai fait le test ce matin ! Au début, j'étais contente mais après... -Mais c'est une bonne nouvelle !, s'écrie Samra. Tu n'auras plus à voir de raqy ou autre guérisseur. Je suis vraiment contente pour toi. Mais pourquoi toutes ces larmes ? Pourquoi es-tu si désespérée ? Pourquoi m'as-tu parlé de mort au moment où tu sais que tu portes la vie ? Karima ferme les yeux et se mord la lèvre. -Je crois qu'il n'est pas de mon mari... -Comment ça ? -Tu te rappelles que je ne voulais pas retourner chez le raqy ?, l'interroge-t-elle. Lors de la première séance, je ne sais pas ce qu'il m'avait donné à boire, mais j'étais vidée, sans force. Je crois que pendant un moment, j'avais perdu connaissance ! J'avais vomi. Je n'étais pas bien. Quand j'étais rentrée à la maison, même s'il avait dit de ne pas prendre de douche, je l'ai fait ! J'avais des traces dans ma culotte, sur mes jambes. Au début, je pensais que c'était mon imagination, mais maintenant, non ! Je suis sûre qu'il a abusé de moi sexuellement. Il a profité de mon inconscience ! -Il faut porter plainte, la presse Samra. Tu sais qu'il a été arrêté ? Avec ta plainte, il ne sortira plus de prison ! Qui sait s'il n'a pas violé d'autres filles, d'autres femmes ? C'est un monstre ! -Je ne peux pas. Tu te rends compte ? Mon mari ne voudra plus de moi, ma famille non plus. -Mais il ne peut pas s'en sortir impunément ! -Mais je ne peux pas porter plainte. Je serais la seule à payer le prix ! Ce sera pire que la prison, affirme Karima. C'est pourquoi je pense que seule la mort pourra me soulager ! -Ne dis pas de bêtises. Il doit bien y avoir une solution. Je t'en prie, ne pense plus au suicide, la prie Samra. Tu es enceinte. -Mais pas de mon mari, j'en suis sûre. C'est pour ça que je ne supporte pas cette grossesse. Je ne me supporte plus. Samra lui conseille de se calmer et de reprendre ses esprits. -C'est normal que tu aies ces sentiments, mais ton appel au secours prouve que tu tiens à la vie. Il faudra que tu sois forte. Je reconnais que notre société ne protège pas les victimes. Elles sont abandonnées par leurs familles, leurs amis. Malgré tout, chasse ces idées noires de ta tête. -Je le voudrais tant, murmure Karima. Mais... Je ne pourrais plus me regarder dans la glace, ni regarder mon mari dans les yeux. Je suis enceinte de ce monstre. Je n'aime pas le bébé que je porte. Comment vais-je faire quand il naîtra ? Je ne pourrais jamais l'aimer. Il me rappellera sans cesse que j'ai été violée. Samra ne peut pas se mettre à sa place, mais elle comprend son supplice. -Ecoute, sois forte. Je ne peux rien te conseiller d'autre pour l'instant, lui dit-elle en pensant à l'avortement. Tu dois te ressaisir, sinon ils vont se poser des questions. Cette grossesse devait t'enchanter et non pas t'attrister. Sans ces doutes, Karima aurait été la plus heureuse des femmes. -Il faut que je rentre. Ce n'est pas dans mes habitudes de sortir seule, sans motif. Merci d'être venue et de m'avoir écoutée. Samra regrette de ne pas pouvoir l'aider davantage. Elle rentre à la maison avec la rage dans le cœur...
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