Résumé : Rédha a besoin d'être soigné. Hacène est remonté contre sa belle-mère qui n'aurait pas dû le ramener chez ce raqy. Il sait qu'elle adore ses enfants mais là, c'en était trop. Mais c'est compter sans Rédha qui était prêt à tout pour obtenir le pardon de sa mère, même à jouer avec la mort si cela peut le sauver de ce qu'il est réellement. Samra est restée prendre soin de lui. Tout comme son mari, elle tente de le convaincre d'abandonner l'idée absurde de se plier à la volonté de leur mère. -Inutile de te torturer pour devenir un autre !, lui dit-elle. Je t'aime comme tu es. Pas besoin de changer pour plaire aux autres, notre mère finira par t'accepter. -Je vois bien qu'elle souffre et je ne me pardonne pas d'en être la cause. J'aurais voulu qu'elle soit fière de moi. L'autre fois, confie-t-il. Je l'ai vue si triste. Elle me pleurait... Tu comprends ? Comme si j'étais mort, je ne veux plus la voir pleurer. Elle s'est sacrifiée toute sa vie pour nous, en particulier, pour moi. Elle n'a pas été égoïste, elle a donné le meilleur. Que lui ai-je donné en retour ? Rien... J'ai voulu partir du pays, elle n'a rien fait pour me retenir. Tout ce qui comptait, c'était mon bonheur. Une autre aurait tout fait pour me garder près d'elle. Même sans les mots et les gestes, elle m'aurait fait comprendre que j'étais ingrat. Mais Elle, non. -Rédha, peut-être qu'inconsciemment, elle le sentait ou le savait ? demande Samra. Peut-être qu'elle t'avait laissé partir parce qu'elle savait que tu ne pourrais pas t'épanouir ici ? Ici, les garçons comme toi sont rejetés, bannis, agressés dans la rue.Si on a eu notre père, peut-être, en fait, j'en suis même sûre, qu'il t'aurait botté les fesses. Peut-être même qu'il aurait aussi employé les grands moyens, pour que tu deviennes "normal". Rédha soupire. -On ne le saura jamais. Mais je veux changer, insiste-t-il. J'ai une femme adorable. Je ne veux pas la perdre. Je ne veux pas que mon enfant ait honte de moi plus tard. Si yemma veut que j'y retourne, je le ferai. -J'espère qu'elle reviendra à la raison, et toi aussi. Tu dois récupérer, pense à ta femme qui est seule et qui doit bientôt accoucher. Si tu l'aimes vraiment, tu sais quoi faire. Reprends ta vie en main. Bouge-toi ! Ne laisse pas notre mère décider pour toi. Au risque de me répéter, rien ni personne ne te changera. Tu es comme tu es. À toi de l'accepter. Moi, je t'aime comme tu es. -Tes paroles me touchent, murmure Rédha, ému jusqu'aux larmes. Moi aussi, je t'aime ma sœur. Ces épreuves sont supportables, car je tiens vraiment au pardon de notre mère. Il faut me comprendre. Samra est exaspérée. Son frère est aussi têtu que leur mère. Elle n'aurait jamais cru le penser un jour. Pourtant, leur mère est de nature patiente, tolérante et sensible. Elle respecte les autres. Pourquoi reste-t-elle sourde à ses prières ? Le ton monte vite, toute discussion est devenue impossible entre elles. Samra donnerait tout pour qu'elles ne se querellent pas. Le regard que lui lance sa mère lorsqu'elle sort de la chambre de Rédha lui donne la chair de poule. -Je n'ai encore rien dit, murmure-t-elle. Yemma, je n'ai pas envie que tu te fâches ! Je n'en peux plus de cette atmosphère ! -Ah oui ! Figure-toi que la voisine vient de m'apprendre que le raqy a été arrêté, dit Nedjma. Tout cela par ta faute ! Ce n'est pas parce que tu n'étais pas convaincue par sa méthode thérapeutique que tu devais le dénoncer ! Tu as bien vu les salles d'attente pleines, non ? -Dieu soit loué ! Je viens de rendre service à l'humanité. Cette nouvelle me réjouit, j'en suis soulagée. Car, ces gens sont aussi naïfs que toi yemma. Ne le prends pas mal, j'espère qu'il restera à l'ombre pendant longtemps, et entre nous, je lui souhaite de tomber sur des brutes qui vont prendre soin de lui comme il l'a si bien fait avec mon frère. La sonnerie de son téléphone l'interrompt. Elle décroche même si c'est un numéro inconnu. La voix lui semble familière. -Vous m'avez donné votre numéro, chez... -Karima ? Ça va ? -Non, répond-elle en reniflant. Je suis perdue. Est-ce qu'on peut se voir ? Samra n'hésite pas une seconde. Elle accepte de la retrouver où elle veut.
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