Résumé : Rédha est dans un état second, sans force, sans volonté. Tout en récitant des versets, le raqy tourne autour de lui avant de le frapper, tout en criant au djinn de sortir. Rédha ne cesse de gémir. Il est mal en point quand le raqy appelle Nedjma. Il la prévient de la gravité du cas de Rédha. Elles devront le ramener même de force. -Rédha khoya, pardon ! Je n'aurais pas dû accepter. Je pensais qu'il s'agissait juste de la roqya, qu'il te donnerait juste de l'eau à boire ! Si j'avais su qu'il te frapperait... Rédha grimace de douleur en se redressant sur le lit. Les bleus ont commencé à apparaître sur son corps le soir même. S'il n'avait pas pris un calmant, il n'aurait jamais pu dormir. Samra est restée près de lui, refusant de retourner chez elle alors qu'il ne pouvait pas se lever. -Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu ne pouvais plus parler, bouger les mains, cela me fait flipper ! Tu as des marques au cou ! -Il m'étranglait soi-disant pour forcer le djinn à quitter mon corps ! -Mon Dieu ! Dire qu'on était à côté, à attendre patiemment alors qu'il t'étranglait ! Tu aurais pu en mourir ! -Je ne pouvais pas le repousser ! Je pouvais juste regarder, raconte-t-il. Dis-moi ! Fadhéla a appelé ? A-t-elle demandé à me parler ? -Oui, elle était morte d'inquiétude ! Je lui ai demandé de ne rien dire à sa famille, car on doit s'occuper de toi ! Je lui ai expliqué que c'était pour ton bien, dit Samra avant de lui confier : "Je n'ai envie de voir personne !" -Moi non plus. Samra, tu ne devrais pas crier après elle ! Elle veut mon bien, rien d'autre ! Samra hoche la tête. -Oui, je n'en doute pas, mais ces thérapies n'apporteront aucun résultat ! Il va juste te maltraiter ! Aucun démon ne t'habite ! Elle doit l'accepter ! Tu es comme tu es ! Et moi... Tout ce qui compte, c'est que tu sois bien ! C'est vrai que je ne pourrais pas le dire, même à mon mari, parce que tu seras mal vu ! Je ne veux pas qu'on te fasse du mal ! Les gens sont impitoyables ! Certains mots blessent autant qu'une arme ! -Yemma mourrait de honte si quelqu'un le découvrait ! Je veux bien retourner en thérapie, chez ce raqy, si cela peut lui faire du bien !, dit Rédha. -Mais jusqu'à quand ? Comment en ressortiras-tu ? Rédha grimace de nouveau, en tentant de changer de position. -Fadhéla accouchera bientôt ! Yemma ne voudra pas la laisser seule longtemps ! Nous repartirons aussi vite que nous sommes venus ! Samra le souhaite de tout cœur. Elle s'empresse d'aller embrasser sa mère lorsqu'elle revient de chez la voisine. Elle lui fait un câlin, pour chasser la tension entre elles. -Pardon yemma ! Je n'aime pas quand tu te fâches. Tu as raison !, affirme-t-elle. On doit tout faire, pour aider Rédha ! Mais le rituel de ce raqy ne me plaît pas ! Tu as bien vu ces bleus ? Les marques de son cou ? Il l'a étranglé, insiste-t-elle, priant en son for intérieur, pour que sa mère prenne conscience du danger auquel elles l'exposaient. Je serais rassurée si le raqy nous laissait assister à la séance de torture ! -Il a de l'expérience. Je suis confiante ! Inchallah que Rédha guérira avant qu'Allah ne me rappelle à Lui ! -Yemma, même s'il ne redevient pas normal, l'essentiel est qu'on soit ensemble ! Mais Nedjma reste inflexible et n'abandonne pas. Rédha retournera en thérapie, chez le raqy le mercredi, alors qu'il n'est pas encore remis de la première séance. Samra les accompagne. Cette fois, les deux salles d'attente sont pleines de malades, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. -On a rendez-vous, dit Nedjma à l'assistante du raqy, tenant à passer parmi les premiers. -Je vais l'informer de votre présence. Retournez vous asseoir ! Comme la fois précédente, des gémissements leur parviennent. Samra est assise près d'une très jeune femme qui tremble et se bouche les oreilles. Apparemment, ce n'est pas la première fois qu'elle vient. Pas besoin de mots, pour dire qu'il l'a traumatisée. Samra pose une main réconfortante et compatissante sur son bras. La réaction ne se fait pas attendre. La jeune se met à pleurer sur son épaule. Samra l'invite à sortir, pour respirer un peu et se ressaisir. Sur le palier, personne ne peut les entendre. En fait, elle veut comprendre pourquoi elle est dans cet état... (À SUIVRE) T. M. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.