L'argent utilisé pour la confection des listes électorales pour les législatives de 2017 est au centre du procès impliquant l'ancien député du parti du FLN, Baha-Eddine Tliba, deux fils d'Ould Abbes et Khelladi Bouchenak. L'ancien député et cadre du FLN Baha-Eddine Tliba a comparu, hier, en appel à la cour d'Alger, pour répondre des chefs d'inculpation de "blanchiment d'argent, infraction à la réglementation de change et des mouvements des capitaux". À ses côtés dans le box des accusés, Skander Mâamar Ould Abbes et Khelladi Bouchenak, présentés en audience comme le chargé de la confection des listes électorales du FLN, lors des législatives de 2017. L'ex-secrétaire général du FLN Djamel Ould Abbes, détenu dans l'affaire de détournement de biens de la solidarité, a été convoqué, quant à lui, en tant que témoin, tandis qu'un mandat d'arrêt international a été lancé contre son second fils, El-Wafi, pour délit de fuite. Après avoir écouté les réserves des avocats sur le déroulement de certaines procédures durant l'instruction, la magistrate entame le procès par l'audition de Skander Ould Abbes. Lequel martèlera qu'il n'avait aucune influence sur le placement des candidats dans les listes électorales du parti. "C'est archifaux. Je ne promettais rien au nom de mon père. C'est la commission du FLN dans laquelle siégeaient à l'époque plusieurs ministres qui s'occupait de cette tâche", soutenant qu'"en première instance, j'ai été victime d'un procès politique". "Hagrouni !", lâche-t-il. La magistrate réplique : "Pourtant, quand les services de sécurité ont perquisitionné chez toi, ainsi que chez ton frère El-Wafi et Bouchenak, ils ont trouvé plusieurs sacs d'argent. D'où proviennent-ils ?" Skander Ould Abbes explique que les 48 millions de dinars saisis représentent un fonds personnel qu'il utilisait dans son business d'achat et de vente de véhicules. Il poursuit : "Tliba, avec qui j'avais de forts liens d'amitié, m'a remis par le biais d'intermédiaires deux tranches de 25 millions de dinars pour lui acheter une voiture de luxe d'Allemagne. Je pouvais le faire dans un laps de temps de 7 à 10 jours. Ce qui était intéressant pour quelqu'un de très occupé comme lui." L'avocat de Baha-Eddine Tliba intervient : "Qui prouve que ces intermédiaires venaient de sa part ?" Skander Ould Abbes répond : "Quand Tliba vous appelle et vous dit que des personnes sont devant votre porte pour vous remettre de l'argent, vous êtes obligé de le croire." Et la magistrate de relancer : "Pourtant, Tliba habite à 800 mètres de votre maison. Pourquoi n'est-il pas venu lui-même vous remettre l'argent ?" Le fils de Djamel Ould Abbes n'en démord pas : "Tliba passait son temps entre la Présidence et l'Assemblée nationale, on ne se voyait parfois que le soir." Lors de son passage à la barre, l'ex-député FLN remet en cause totalement la version de Skander Ould Abbes. Celui qui était un des poids lourds de l'ex-parti unique, est revenu sur les faits : "J'ai déposé plainte contre les fils d'Ould Abbes en mars 2017 pour tentative de chantage parce qu'ils m'ont demandé 7 milliards de centimes pour conduire la liste du FLN à Annaba. La veille, j'avais appelé le coordinateur des services de sécurité Bachir Tartag pour l'informer, et c'est lui qui m'a demandé de rester en contact avec eux pour que les enquêteurs les filment et enregistrent les conversations échangées." La défense de Tliba a réclamé le témoignage de son chauffeur qui a confirmé l'avoir conduit au siège de la direction de la sécurité interne pour dénoncer Skander et El-Wafi Ould Abbes. "J'ai vu Tliba sur le seuil de la porte avec le directeur des renseignements." Les avocats de l'ex-député lui montrent une photo. "Oui, c'est bien lui dont il s'agit", acquiesce-t-il.