Les espoirs nourris par les responsables et les travailleurs de l'Eniem, en février dernier, à la suite du déblocage d'une partie des financements réclamés pour pouvoir relancer la production après un arrêt technique d'un mois, puis encore davantage au début d'octobre dernier lors de la visite du ministre de l'Industrie qui avait réaffirmé la volonté de l'Etat d'aider les entreprises publiques en difficulté, semblent désormais s'effriter à nouveau. En effet, cette entreprise publique, qui a déjà connu un premier arrêt technique de son activité au début de l'année, vient de décider de se mettre à nouveau à l'arrêt à compter d'aujourd'hui, pour une durée d'un mois. Cette décision, qui a replongé cet ancien fleuron de l'industrie nationale dans la même situation d'avant février, a été prise à l'issue d'une réunion tenue, avant-hier, dimanche, par le conseil d'administration de l'entreprise avec le partenaire social, a-t-on appris de sources internes à l'entreprise. Selon ces dernières, deux raisons sont à l'origine de cette décision. "Il y a, d'une part, le refus de la banque de débloquer les financements nécessaires à l'entreprise et, d'autre part, un blocage concernant l'autorisation de fabrication. Aujourd'hui, nous disposons de suffisamment de matière première en CKD pour tenir un mois ou un mois et demi, mais faute d'autorisation, nous sommes contraints à un arrêt technique. Désormais, seul le service minimum sera assuré", nous a expliqué notre source soulignant qu'il s'agit là d'un coup dur, que ce soit pour l'entreprise qui a déjà connu un premier arrêt technique d'activité d'un mois en février dernier, puis encore un second arrêt en mars et avril à la suite de la crise sanitaire due à la Covid-19, ou encore pour les travailleurs qui, pour la plupart, ont déjà consommé leurs congés annuels et sont donc désormais contraints au chômage technique. Pour les travailleurs, comme pour les dirigeants de l'entreprise, cette situation est d'autant plus incompréhensible qu'au début du mois d'octobre dernier, le ministre de l'Industrie, Ferhat Aït Ali, en visite sur le site de production de l'Eniem, à Oued Aïssi, avait assuré que l'Etat est prêt à aider toutes les entreprises pour peu qu'elles s'inscrivent dans la démarche d'intégration du produit national. "L'Etat compte apporter son soutien à toutes les entreprises, publiques et privées, qui s'inscrivent dans cette nouvelle politique, et j'ai vu les capacités d'intégration, et j'ai constaté qu'à l'Eniem, comme à l'ex-Enel et à l'Enie de Bel-Abbès, certains produits peuvent arriver à 80% d'intégration, et nous allons essayer d'en faire les pilotes de la politique d'intégration, et ce, même s'il reste à ces entreprises à faire une restructuration interne, une révision de leurs modes de gestion et même leurs relations de travail avec les partenaires sociaux", avait assuré le ministre, qui avait ainsi suscité un grand espoir quant à la relance de cette entreprise qui emploie plus de 1 700 travailleurs. Déjà, avant cette visite du ministre de l'Industrie, les dirigeants de l'Eniem avaient, à maintes reprises, obtenu des promesses d'aide qui n'ont finalement vu le jour que partiellement. Ce fut le cas en février dernier, lorsque le gouvernement avait instruit la BEA de débloquer de nouvelles lignes de crédit pour permettre à l'entreprise de reprendre son activité. À ce titre, l'Eniem a pu obtenir un financement de 1,1 milliard de dinars et la promesse d'en recevoir un autre de 1,5 à 2 milliards de dinars, sauf que ce second financement est resté au stade de promesse, tout comme, d'ailleurs, le fonds de roulement et le dossier déposé devant le CPE. Samir LESLOUS