Dans le deuxième volet du dossier relatif au financement occulte de la campagne électorale de Bouteflika, le tribunal a demandé l'extinction des poursuites contre tous les accusés, du fait que ces derniers ont été poursuivis et condamnés auparavant pour les mêmes faits. Les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, multiplient les procès et autant de condamnations. Hier, les deux anciens coordinateurs de l'Exécutif ont écopé de 5 ans de prison ferme chacun assortie de deux millions de dinars d'amende dans l'affaire du groupe Condor. Ces condamnations concernent l'affaire de la Spa GP-Pharma et Travocovia, deux filiales du groupe Condor, propriété de la famille Benhamadi. Dans ce dossier, les deux anciens responsables sont poursuivis, principalement, pour octroi d'indus privilèges à Condor, notamment l'assiette foncière qui devait accueillir une usine de fabrication de médicaments à Sidi Abdellah, à l'ouest de la capitale, et un centre pour brûlés à Skikda. Dans cette même affaire, le défunt Moussa Benhamadi, ancien ministre de la Poste et des Nouvelles technologies de l'information, décédé en juillet dernier à la prison, avait été également poursuivi en sa qualité de premier responsable de la Spa GP-Pharma. Toutefois, la justice a décidé de l'extinction de l'action publique contre lui. Lors du procès, le juge a révélé que la décision d'octroi de l'assiette foncière remonte à 2011, précisant que la décision de l'Agence nationale de développement industriel (Andi) et la validation par le Conseil national d'investissement (CNI) du dossier des Benhamadi a été traité illico presto et que le projet a été évalué, une première fois, à 138 milliards de centimes. "Quatre ans après la décision, le projet est resté en stand-by. En août 2016, les gérants de la SPA GP Pharma décidèrent de déposer une demande de prorogation des délais et la révision des avantages. Le coût a été réévalué à quelque 488 milliards de centimes", avait dit le juge. "Cette demande de réévaluation a été introduite moins d'un mois après la révision de la loi sur l'investissement de juillet 2016" et que "le montant des crédits accordés était de 599 milliards de centimes, dont 60% ont été versés aux concernés", avait précisé le juge. Le deuxième volet de l'affaire concerne le financement occulte de la campagne électorale de Bouteflika à l'élection présidentielle avortée d'avril 2019. Abdelghani Zaâlane, ancien ministre des Travaux publics, a été également poursuivi dans le cadre de cette affaire. Le tribunal a demandé l'extinction des poursuites contre tous les accusés dans cette affaire, du fait qu'ils ont été poursuivis et condamnés auparavant pour les mêmes faits. Concernant le groupe Condor, les auditions ont révélé que ce dernier avait contribué avec quelque 50 millions de dinars au financement de la campagne de Bouteflika à l'élection avortée d'avril 2019. Le groupe est poursuivi à travers sa filiale Travocovia, chargée de réaliser un centre pour brûlés dans la wilaya de Skikda, dont des irrégularités, selon la justice, ont été constatées tant dans l'octroi du marché que dans la réalisation qui n'avait pas démarré. À noter que la justice n'a convoqué qu'un seul membre de la famille Benhamadi, Omar en l'occurrence, en tant que témoin dans cette affaire. Mohamed Mouloudj