Le verdict dans l'affaire de la "Spa GP-Pharma" et "Travocovia", filiales du groupe Condor, sera connu le 30 novembre en cours. Le juge du pôle financier du tribunal de première instance Sidi M'hamed d'Alger a décidé de mettre le verdict en délibéré, et ce, après la clôture des plaidoiries. Accusés de "corruption", "mauvaise utilisation de la fonction", "octroi d'indus avantages", les deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que l'ancien ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane, ont été auditionnés en tant qu'accusés. Il faut préciser que la justice a décidé de l'extinction des poursuites contre l'ancien ministre de la Poste et des Nouvelles technologies, le défunt Moussa Benhamadi, décédé en prison l'été dernier. Son frère, Omar, a été convoqué, quant à lui, en tant que témoin. Lors du procès, le procureur de la République a requis une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'un million de dinars d'amende contre les deux ex-coordinateurs de l'Exécutif et 3 ans de prison ferme contre Abdelghani Zaâlane en sa qualité de directeur de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika à l'élection avortée d'avril 2019. Lors de son audition, Abdelghani Zaâlane a souligné qu'à l'instar de plusieurs autres hommes d'affaires, les propriétaires du groupe Condor ont financé la campagne de Bouteflika à hauteur de 5,8 milliards de centimes. Pour rappel, le groupe Condor a bénéficié d'une concession à Sidi Abdellah à Alger pour la mise sur pied d'une usine de fabrication de médicaments. Un projet évalué à quelque 138 milliards de centimes. Quelques années après, le même projet sera réévalué pour atteindre la rondelette somme de 488 milliards de centimes. Le juge et le procureur ont insisté lors du procès sur "les visées" d'une telle réévaluation. La justice a également évoqué les marchés obtenus par Condor Electronics auprès de l'opérateur public de la téléphonie mobile, Mobilis. Plusieurs cadres de cette entreprise ont été auditionnés. Il était aussi question d'un centre pour brûlés que la filiale Travocovia, appartenant au groupe Condor, devait réaliser dans la wilaya de Skikda. Dans leurs plaidoiries, les avocats des deux anciens Premiers ministres ont rappelé qu'ils ont été "jugés et condamnés" pour les mêmes faits. Les avocats des filiales du groupe Condor ont appelé à la cessation des poursuites, puisque "la personne incriminée n'est plus de ce monde", dans une allusion au défunt Moussa Benhamadi en sa qualité de gérant de la Spa GP-Pharma. Ils ont relevé le fait qu'aucune banque, encore moins une quelconque direction des Impôts, ne s'est constituée partie civile dans l'affaire. D'autres avocats ont demandé le "dégel" des comptes de la filiale, précisant que ses responsables "ont présenté toutes les garanties concernant le respect de la loi et des procédures".