Concernant le financement de la campagne électorale du 5e mandat avorté du président déchu, le juge a révélé que le groupe Condor y avait contribué avec plus de 5 milliards de centimes. Le procès des frères Benhamadi, propriétaires du groupe Condor, s'est poursuivi, hier, au tribunal de Sidi M'hamed d'Alger. Le juge a auditionné l'un des membres de la fratrie, en l'occurrence Amar Benhammadi, témoin dans cette affaire, mais détenu pour d'autres raisons. Les questions du juge et celles du procureur de la République portaient essentiellement sur ce qu'ils qualifient de "manœuvres" entreprises par les gérants des sociétés du groupe Condor pour l'obtention d'avantages et de marchés. Pour la SPA GP Pharma, le juge a révélé que la décision d'octroi d'une assiette foncière pour la mise sur pied d'une usine de fabrication de médicaments remonte à 2011. La décision de l'Agence nationale de développement industriel (Andi) et la validation par le Conseil national d'investissement (CNI) du dossier des Benhamadi arrivent aussitôt et le projet est évalué à 138 milliards de centimes. Quatre ans après la décision, le projet est resté en stand-by. En août 2016, précise le juge, les gérants de la SPA GP Pharma décidèrent de déposer une demande de prorogation des délais et la révision des avantages. Le coût a été estimé à quelque 488 milliards de centimes. Le juge précise, à ce propos, que cette demande a été introduite moins d'un mois après la révision de la loi sur l'investissement de juillet 2016. Il a souligné, par ailleurs, que le montant des crédits accordés aux frères Benhamadi était de 599 milliards de centimes, dont 60% ont été versés aux concernés. Face à ces révélations et interrogations, le témoin a expliqué que la demande introduite pour le prolongement des délais concerne la concession et que la révision à la hausse du montant global a été imposée par la révision de la nomenclature des médicaments à fabriquer localement et ceux à importer. "Le projet a été changé en profondeur", a-t-il encore justifié. Reprenant la parole, le procureur de la République a indiqué que la loi précise que tout avantage octroyé n'en sera pas un si le projet concerné est abandonné. Pour l'accusé, le retard dans l'obtention du permis de construire a fait de la SPA GP Pharma "une victime". Evoquant, par ailleurs, les contrats signés par Condor avec Mobilis portant fourniture de téléphones mobiles et de tablettes, le juge a révélé que l'opérateur public "a perdu quelque 53 milliards de centimes" dans ce marché. Il a ajouté qu'un conseiller à la présidence de la République a déclaré : "Votre défunt frère, Moussa, ancien ministre, l'avait contacté pour intervenir auprès du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, afin de régler les factures." "Farid Belkessam est également intervenu auprès de l'ancien P-DG de Mobilis pour donner un coup d'accélérateur aux opérations de paiement des factures", a encore révélé le juge, précisant que le marché avec Mobilis a été obtenu selon la formule de gré-à-gré. Sur un autre volet, le juge a souligné que deux autres entreprises du groupe Condor ont participé conjointement à un avis d'appel d'offres et ont décroché le projet dans la wilaya de Skikda qu'elles ont ensuite sous-traité avec d'autres entreprises. Sur ce point, l'accusé évoque la participation de deux autres entreprises. Toutefois, le juge renchérit et souligne que les deux entreprises participantes n'ont jamais donné de suite à leurs soumissions. Concernant le financement de la campagne électorale du 5e mandat avorté du président déchu, le juge a révélé que le groupe Condor avait participé avec plus de 5 milliards de centimes. À noter qu'au premier jour du procès, le juge a auditionné les deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal. Ces derniers ont estimé qu'ils "n'ont rien à voir" avec cette affaire et que la décision d'octroi d'une assiette foncière à Condor revenait à l'ancien wali, Zoukh. D'autres accusés et témoins, comme Abdelghani Zaâlane et Mohamed Hattab devraient également répondre aux questions du juge sur cette affaire.