Le Parlement iranien a approuvé hier une loi obligeant le gouvernement à augmenter l'enrichissement d'uranium à 20% et à restaurer les travaux du réacteur à eau lourde d'Arak comme avant l'accord nucléaire de 2015, une réforme à laquelle l'exécutif est totalement opposé, selon les médias. Déclarant vouloir réaliser les "objectifs" du "martyr Mohsen Fakhrizadeh", éminent scientifique iranien assassiné vendredi dans une attaque attribuée à Israël, le Parlement iranien a approuvé hier les grandes lignes d'une initiative de loi intitulée "Action stratégique pour la levée des sanctions et la protection des intérêts du peuple iranien". Cette loi a été également adoptée dans l'objectif de pousser les Etats-Unis à annuler leurs sanctions et à mettre aussi la pression sur les autres signataires européens de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien, qui tentent de sauver ce texte depuis le retrait unilatéral américain en 2018. La loi en question a été votée à la majorité absolue, selon les médias iraniens, mais elle doit passer le test du Conseil des gardiens pour pouvoir entrer en vigueur. La loi oblige l'Autorité iranienne de l'énergie atomique à enrichir de l'uranium à hauteur de 20% et à raison de 120 kg par an, à la centrale nucléaire de Fordo. La loi oblige également le gouvernement à installer 1 000 centrifugeuses IR-2m pour l'enrichissement de l'uranium dans l'installation nucléaire souterraine de Natanz et à installer 1 000 centrifugeuses IR6 à la centrale nucléaire de Fordo, jusqu'en mars prochain. Il oblige le gouvernement à rétablir les travaux du réacteur à eau lourde d'Arak, comme c'était le cas avant l'accord nucléaire de 2015. Les députés iraniens exigent aussi du gouvernement de "mettre fin" aux inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ce que ce dernier refuse catégoriquement, car cela reviendrait à renier l'accord de Vienne de 2015, âprement négocié avec les grandes puissances. "Le gouvernement a annoncé explicitement qu'il n'est pas d'accord avec ce plan" qu'il ne juge "ni nécessaire ni utile", a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, lors d'une conférence de presse. Selon le dernier rapport disponible de l'AIEA, publié en novembre, Téhéran enrichissait de l'uranium à un degré de pureté supérieur à la limite prévue par l'accord de Vienne (3,67%), mais ne dépassait pas le seuil de 4,5%, et se pliait toujours au régime hyperstrict d'inspection de l'Agence. L. M./Agences