Les activités d'enrichissement d'uranium dans le nouveau site de Fordo sont sous la supervision de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a affirmé, avant-hier, le représentant de l'Iran auprès de cette organisation Ali Asghar Soltanieh. Il s'agit de la première annonce par Téhéran d'opérations d'enrichissement proprement dit à Fordo, situé à 150 km au sud-ouest de Téhéran et enfoui sous une montagne, ce qui rend toute attaque contre ce site difficile. Toutes les activités nucléaires, notamment l'enrichissement d'uranium à Natanz et à Fordo, sont supervisées par l'Agence internationale de l'énergie atomique, a déclaré M. Soltanieh à la chaîne de télévision iranienne en langue arabe Al-Alam. Cette dernière provocation ne fait que renforcer les inquiétudes de la communauté internationale. Samedi, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Fereydoun Abbassi Davani, avait annoncé la prochaine inauguration du site de Fordo, qui peut contenir jusqu'à 3 000 centrifugeuses. Le site d'enrichissement de Fordo sera inauguré prochainement et nous avons la capacité d'y faire de l'enrichissement d'uranium à 20%, à 3,5% et à 4%, avait-il déclaré, cité par la presse iranienne. Le site de Fordo, tout comme celui de Natanz, a été conçu de telle sorte que l'ennemi ne peut pas le détruire, avait-il précisé. L'uranium enrichi à moins de 20% est utilisé uniquement à des fins civiles mais si l'enrichissement est poussé à plus de 90%, il peut servir à fabriquer l'arme atomique. L'Iran possède déjà 8 000 centrifugeuses dans le site de Natanz. L'enrichissement d'uranium est au cœur du conflit opposant depuis plusieurs années l'Iran à la communauté internationale, qui craint que le programme nucléaire iranien n'ait des objectifs militaires en dépit des dénégations répétées de Téhéran. Le Conseil de sécurité a déjà voté six résolutions, dont quatre assorties de sanctions, pour contraindre la République islamique à suspendre ses activités d'enrichissement. Le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a récemment exprimé à plusieurs reprises ses doutes quant à d'éventuelles frappes aériennes contre l'Iran. Mais pour la première fois, il a suggéré début décembre que les installations nucléaires enterrées pourraient résister à de telles attaques, faisant allusion à Fordo. Dans le meilleur des cas, (des frappes aériennes) retarderaient (le programme nucléaire iranien) d'un an, peut-être deux, a déclaré M. Panetta. Cela dépend de la capacité d'atteindre vraiment les cibles qui sont visées. Franchement, certaines de ces cibles sont très difficiles à atteindre, a-t-il ajouté. Dimanche, M. Panetta a affirmé que l'Iran n'élaborait pas d'arme atomique. Sont-ils en train de développer une arme nucléaire? Non. Mais nous savons qu'ils tentent de développer une capacité nucléaire et cela nous préoccupe, a-t-il déclaré. Notre ligne rouge est que l'Iran ne développe pas d'arme atomique, a-il ajouté. Les accusations occidentales ont des motivations politiques Les réactions des Etats-Unis et des pays européens qualifiant de provocation l'annonce de l'enrichissement d'uranium dans le nouveau site nucléaire iranien de Fordo ont des motivations politiques, a déclaré le représentant de l'Iran auprès de l'AIEA. Toutes les activités nucléaires de l'Iran, notamment l'enrichissement d'uranium à Natanz et Fordo, sont sous la surveillance des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et les caméras de l'Agence surveillent 24 heures sur 24 ces activités, a déclaré Ali Asghar Soltanieh, cité, hier, par la presse iranienne. Les réactions des Occidentaux sont exagérées et ont des motivations politiques, a-t-il ajouté. Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a parlé d'un pas supplémentaire dans l'escalade. De son côté, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague s'est dit extrêmement déçu par la décision de Téhéran, alors que la France a évoqué une violation supplémentaire et particulièrement grave par l'Iran du droit international. L'existence des installations d'enrichissement de Fordo a été annoncée il y a deux ans à l'AIEA qui a surveillé depuis toutes les étapes notamment l'installation de centrifugeuses dans le site, a déclaré M. Soltanieh. Après l'échec des négociations avec les grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne) sur la fourniture du combustible pour ce réacteur, l'Iran s'est lancé dans un programme pour enrichir l'uranium à 20% et produire lui-même ce combustible. Le Conseil de sécurité de l'ONU a déjà voté six résolutions, dont quatre assorties de sanctions, pour contraindre les Iraniens à suspendre l'enrichissement.