La bataille engagée par le gouvernement pour l'importation du vaccin anti-Covid s'annonce aussi longue qu'ardue. L'heure est encore à la prospection. D'après nos sources, les premiers Algériens ne pourraient se faire vacciner que vers la fin du mois de mars. Maintenant que le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a donné son onction pour la stratégie nationale nécessaire à l'acquisition du vaccin anti-Covid, une question mérite d'être posée. L'Algérie sera-t-elle prête pour le jour J, une fois que l'OMS et les autres institutions internationale de sécurité sanitaire auront donné leur feu vert pour le lancement de la vaccination à grande échelle ? Cette interrogation est d'autant pertinente que nombre de pays européens et même asiatiques ont presque dépassé la période de "la course" aux précommandes. Sans attendre le verdict de l'Agence européenne des médicaments (EMA), prévue pour le 29 décembre en cours, le gouvernement britannique a annoncé, hier, l'utilisation massive du vaccin du tandem américano-allemand Pfizer/BioNTech. La célérité de l'exécutif de Boris Johnson semble répondre au souci de "l'urgence de sécuritaire sanitaire", surtout que l'Angleterre passe pour le pays le plus endeuillé d'Europe, avec plus de 59 000 morts. Le vaccin américano-allemand y serait disponible à partir de la semaine prochaine. "C'est une nouvelle fantastique", a tweeté hier le Premier ministre britannique en prévenant que "c'est la protection des vaccins qui nous permettra à terme de reprendre une vie normale et de permettre à l'économie de redémarrer". Pour sa part, le président russe, Vladimir Poutine, a demandé hier aux autorités sanitaires de commencer, dès la fin de la semaine prochaine, la vaccination "à grande échelle" contre le coronavirus en Russie. Qu'en est-il de l'Algérie ? Les autorités compétentes se sont-elles prises à temps pour passer du moins des précommandes d'approvisionnement en vaccin ? A priori, la bataille engagée par le gouvernement Djerad pour l'importation de millions de doses s'annonce aussi longue et ardue que celle contre le coronavirus. La stratégie nationale adoptée par le gouvernement dimanche dernier pour l'importation de l'antidote s'appuie sur la mise en place d'un dispositif organisationnel animé par deux commissions opérationnelles, dites task forces. La première, à vocation sanitaire, devra "proposer la stratégie d'acquisition du vaccin, le plan de vaccination à mettre en œuvre, ainsi que la préparation du personnel appelé à être mobilisé dans la campagne de vaccination". La seconde task force, placée sous l'autorité du ministre de l'Intérieur, devra s'acquitter de la mission des "préparatifs liés à l'organisation de la logistique nécessaire au transport, au stockage et à la distribution du vaccin". La nature du vaccin recherché et défini par les compétences scientifiques est qu'il devrait offrir des possibilités d'administration et d'utilisation faciles et qui n'exigent pas aussi le chambardement du système national de vaccination. Il faut rappeler, dans ce contexte, que les vaccins anti-Covid développés par le duo américano-allemand Pfizer-BioNTech et l'autre laboratoire américain Moderna ne semblent pas être compatibles avec les dispositifs nationaux de conservation, de logistique ou encore d'administration. "Au-delà des considérations financières, nous n'avons pas les possibilités d'administrer les vaccins de Moderna qui exigent des containers de froid à -20 degrés, encore moins ceux du tandem Pfizer-BioNTech qui demandent une température à moins de 70 degrés", expliquent à Liberté des sources au fait des analyses élaborées sur la base des données fournies par les fabricants de ces vaccins susceptibles de venir à bout de la maladie. Cependant, les solutions de sérum de prévention et de protection développées par les laboratoires russes et chinois semblent être les mieux désignées pour le système national de vaccination. "Les injections anti-Covid sino-russes ne chamboulent pas le système de vaccination dont nous disposons, puisqu'il sera question le jour J d'immuniser des millions d'Algériens. Les vaccins chinois et russes font appel, scientifiquement parlant, au virus atténué ou un virus mort. Ces vaccins garantissent une utilisation facile", soutiennent ces sources, précisant que la nationalité du laboratoire plébiscité pour approvisionner l'Algérie en quantités de vaccins n'est pas encore tranchée. L'heure est, semble-t-il, encore à la prospection de compléments d'informations concernant ces produits sino-russes. Signalons, au passage, que le leader chinois en produits pharmaceutiques Sinovac, qui revendique près d'un million de personnes vaccinées dans le pays, a déclaré pouvoir produire un milliard de doses à partir de l'année prochaine. "Les commandes de vaccination lui proviennent de partout dans le monde", soulignent nos sources. Autant se demander si les pouvoirs publics sont au premier ou au dernier kilomètre dans cette longue marche d'approvisionnement en quantités de sérums nécessaires. Nos sources concluent, enfin, que les premiers Algériens pourraient se faire vacciner vers la fin du mois de mars, soit au printemps prochain, et la campagne nationale devrait concerner un peu plus de 12 millions de personnes, soit 30% de la population. Hanafi H.