En tranchant la question du profil et de la nature du produit, il a été établi une short-list finale où Chinois, Russes et Indiens se placent en bonne position pour l'approvisionnement en vaccins anti-Covid. À en croire des sources concordantes, les vaccins "anti-Covid" développés par les laboratoires russes et chinois sont bien placés sur la short-list des fournisseurs des produits d'immunisation arrêtée par les autorités sanitaires. À un degré moindre, le groupe pharmaceutique indien Serum India, le traditionnel fournisseur de l'Institut Pasteur, occupe aussi une place sur le podium. Les produits de ces trois partenaires historiques et stratégiques, qui ont passé avec succès l'épreuve des essais cliniques de phase 3, sont en fait dans la dernière ligne droite et pourront être disponibles dans les prochaines semaines. Les mêmes sources soutiennent que ces producteurs attendent juste le quitus de l'OMS pour mettre en branle officiellement la vaccination de la population à grande échelle. Pour le moment, aucune précommande, encore moins un préaccord, pour l'acquisition des millions de doses, n'a été conclu avec un des fabricants qui ont annoncé les excellents résultats de leurs essais avec une efficacité élevée. La semaine en cours sera, selon toute vraisemblance, déterminante, voire cruciale. Les autorités sanitaires, par la voix du ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, assurent qu'elles n'ont pas encore tranché quant au pays d'origine du producteur qui va fournir les quantités de sérum nécessaires pour venir à bout de l'épidémie. "Des contacts sont en cours entre les autorités publiques et des laboratoires pour l'acquisition du vaccin contre la Covid-19 dès sa disponibilité, selon les normes édictées par l'OMS", a assuré, avant-hier, le ministre de la Santé en marge de sa visite de travail effectuée dans la wilaya de Boumerdès. Il a, néanmoins, rappelé, sans pour autant aller dans le détail, que ses services compétents, les experts de l'Institut Pasteur en l'occurrence, disposent de tous les dossiers techniques des vaccins en cours de fabrication ou en phase d'expérimentation, afin d'en choisir un. Et d'expliquer encore : "La décision d'opter pour un des vaccins se fera sur la base des compétences nationales, en choisissant le meilleur vaccin en matière de qualité, et ce, en prenant en compte ses effets secondaires et le coût." Cependant, nos sources préciseront plus loin qu'un groupe de travail de l'Institut Pasteur d'Algérie, déjà mis en place, est en train de finaliser l'évaluation scientifique et technique avant d'annoncer le nom du fournisseur retenu. Les mêmes sources soutiendront dans le même contexte qu'un consensus d'experts est pratiquement dégagé. Ce consensus d'experts sera évidemment suivi par le consentement dit consultatif du Comité scientifique et ensuite par le feu vert politique des pouvoirs publics. "Un consensus à trois dimensions", pour paraphraser nos sources. La possibilité d'opter pour la formule d'un achat groupé via le système onusien, dit Covax, n'est pas aussi exclue, comme l'a défendue le ministre de la Santé dans une de ses dernières sorties médiatiques. L'option de Covax offre, semble-il, les conditions économiques d'acquisition nettement meilleures, puisque la dose sera cédée à 1 dollar et même un peu moins. L'annonce officielle du partenaire choisi est prévue vraisemblablement pour le courant de la semaine prochaine. En attendant, il y a, néanmoins, lieu de souligner que les vaccins de l'américain Moderna, du duo américano-allemand Pfizer-BioNTech et du suédo-britannique AstraZeneca sont définitivement exclus pour des raisons évidentes, estiment nos sources. Au-delà des considérations pécuniaires, les sérums proposés par les Américains ou les Allemands ne correspondent pas, selon nos sources, au système national de vaccination. Autrement dit, l'acquisition de tels produits d'immunisation nécessite une autre technologie de congélation différente de celle en vigueur dans les centres de soins ou hospitaliers nationaux. Le vaccin américano-allemand nécessite de super-congélateurs pour être conservé à -70 degrés, celui de Moderna à -20 degrés. Pour stocker les vaccins du laboratoire Pfizer, il faudra penser à acquérir aussi des cabines frigoriques qui sont proposés à 20 000 dollars l'unité et dont la capacité normale tourne autour de 300 litres. "Combien de chambres froides made in Pfizer devrait-on acheter pour vacciner au minimum 10 millions d'Algériens ?", s'interrogeront encore nos sources, qui ont rappelé la teneur du "cahier des charges" établi par les experts de l'IPA qui, d'habitude, se prononcent sur le meilleur rapport qualité/prix du vaccin. " Outre la garantie d'efficacité, les experts ont insisté sur la facilité d'administration du vaccin, son efficacité, sa non-nocivité, c'est-à-dire un produit qui garantit l'absence d'effets secondaires." La sortie d'avant-hier du ministre Abderrahmane Benbouzid a eu, au moins, le mérite de confirmer que les pouvoirs publics n'opteront pas pour l'importation de plusieurs types de vaccin. C'est dire que les autorités sanitaires ne comptent pas s'approvisionner chez plusieurs fournisseurs à la fois, alors que nombre de pays ont préféré opter pour la formule d'acquisition de différents vaccins pour différents types de population.