span style="font-size: 10pt; font-family: "times new roman"; mso-fareast-font-family: 'times new roman'; mso-ansi-language: fr; mso-fareast-language: fr; mso-bidi-language: ar-sa" Le président de la République a, durant toute sa campagne, exhorté les électeurs à voter massivement. Les Algériens sont appelés à se prononcer aujourd'hui, par référendum, sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale, censée mettre fin à “la violence terroriste et tourner la page d'une décennie sanglante”. Si débat il y eut, celui-ci a été à sens unique, excluant toutes les voix contradictoires et critiques, y compris celles des victimes du terrorisme et des familles de disparus qui revendiquaient vérité et justice, ainsi que tous ceux qui se sont opposés au projet théocratique. Le président de la République, presque tout l'Exécutif, des anciennes organisations de masse du parti unique et les imams de mosquée, se sont investis à fond dans la campagne pour le oui à la charte, usant le plus souvent des moyens de l'Etat et de versets coraniques. Selon certaines sources, des citoyens ont été “payés” pour participer aux meetings, d'autres intimidés et menacés pour y aller. Pourtant des citoyens, notamment à l'intérieur du pays, ont rejoint de leur propre gré les rassemblements, exprimant clairement leur adhésion à la charte et voulant croire de toutes leurs forces à la sortie de la crise et à la fin de la violence. Contrairement aux médias lourds qui se sont distingués par un travail de censure, la presse privée a constitué un espace d'expression pour les voix contradictoires, pour des partis de l'opposition démocratique comme le FFS, le RCD, le MDS et le PST, de même que pour des organisations de défense des droits de l'Homme et des personnalités politiques, qui ont contesté le projet présidentiel. Ces derniers ont conclu que sous le couvert du pardon, de paix et de stabilité, la charte allait ouvrir la voie à l'amnésie et à l'impunité. Ils ont également appelé la société civile à rejeter, voire à boycotter le référendum du 29 septembre. Des militants du MDS et du FFS, descendus sur le terrain pour faire connaître le point de vue de leur formation, ont été arrêtés par la police, certains traînés devant la justice ; la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) n'a obtenu l'autorisation de tenir son congrès qu'à la dernière minute, alors que des activistes du parti islamiste dissous (l'ex-FIS) bénéficiaient de salles et s'impliquaient dans des meetings pour le oui. Pour l'opposition, la clause de la charte stipulant que “le peuple algérien mandate le président de la République pour prendre toutes les mesures visant à en concrétiser les dispositions”, prépare le terrain à une “révision constitutionnelle” et, par voie de conséquence, à un troisième mandat au président de la République. Par ailleurs, les groupes islamistes armés, estimés dernièrement à un millier par les autorités nationales, ont intensifié leurs opérations à l'approche de la consultation référendaire, faisant des dizaines de morts, notamment parmi les militaires. Ces opérations armées sont surtout attribuées au GSPC, membre de l'organisation terroriste Al-Qaïda. C'est donc dans cette ambiance à la fois de confusion, d'exclusion, de révolte pour les uns et d'espoir, pour les autres, que s'ouvre ce matin le vote de la charte amnistiante. Hafida Ameyar