Alors que le drame survenu en novembre 2019, lorsqu'un jeune qui a tenté de le traverser a été emporté par les crues, continue de hanter les esprits à Bouzeguène, voilà que le pont d'Azaghar, retombe à nouveau dans la même situation aux premières intempéries enregistrées cette année dans la wilaya de Tizi Ouzou. Rafistolé au lendemain du drame de ce jeune qui a été emporté, lui et son véhicule, par les torrents, ce pont intercommunal est aujourd'hui totalement submergé d'eaux. Les glissières de sécurité et les garde-corps qui y ont été installés à l'effet, disait-on, de le renforcer et le sécuriser, ont été tout simplement pulvérisés par la force des crues. Dans un communiqué rendu public, le cabinet du wali a expliqué que "les fortes précipitations enregistrées ces dernières heures ont causé des dégradations à l'ouvrage d'Azaghar, sis sur la liaison intercommunal Illoula-Bouzeguène", mais que "la mobilisation des services des travaux publics, les services de sécurité, l'APC et daïra de Bouzeguène en exécution des instructions de Mr le wali a permis d'éviter des pertes humaines à cet endroit". Si les autorités se sont réjouies d'avoir évité de nouveaux drames, la population locale, elle, estime que l'affaire de ce pont est plutôt révélatrice du "bricolage auquel s'adonnent les autorités". En effet, au moment du lancement des travaux de renforcement et de sécurisation de ce pont, la population s'attendait au moins à un élargissement du passage pour les eaux sous le pont ou carrément à la réalisation d'un pont neuf, plus large et plus élevé, pour permettre une meilleure circulation des eaux en temps de grosses tempêtes. Mais les travaux entrepris se sont limités à l'implantation des garde-corps de part et d'autre du pont, sans intervenir dans l'élargissement des diamètres des buses qui s'avèrent à chaque fois trop exiguës pour contenir le volume des eaux en hiver. Pour tenter de rassurer la population, l'administration de wilaya a réaffirmé, hier encore, dans son communiqué, que "ce gué submersible a fait objet de travaux de sécurisation par l'APC de Bouzeguène par la réalisation de garde- corps et de glissières de sécurité ainsi que des opérations régulières de curage en collaboration avec les services des travaux publics en attendant l'achèvement de l'étude de construction d'un ouvrage d'art menée par l'APC qui est à sa 2e phase". Des arguments qui sont, à vrai dire, loin de convaincre la population qui considère que la sécurisation et les opérations de curage ne constituent une solution définitive pour ce pont, non sans déplorer le retard mis dans le lancement des travaux du nouveau pont promis. Pourtant, rappellent les habitants, au lendemain du drame qui s'y est produit, les représentants de l'APW ont longuement insisté sur le caractère urgent de la réalisation de ce nouveau pont pour éviter d'autres drames. D'autre part, les fortes pluies ininterrompues ont vite fait de gonfler les cours d'eau et de déborder sur les chemins, routes villageoises et chemin de wilaya. Au chef-lieu communal, les routes ont été totalement inondées. Les caniveaux qui étaient partiellement obstrués, ne pouvaient contenir la totalité des eaux. Ces dernières ont déferlé sur le CW 251 totalement inondé. Un engin de l'APC a dû recourir au démantèlement du carrelage du trottoir, à divers endroits pour désobstruer les caniveaux. Dans les villages, des appels au secours et des photos sont postées sur les réseaux sociaux. Selon le maire de Bouzeguène, les villageois d'Aït Salah, Aït Ikhlef, Takoucht, Ihitoussène, Loudha Guighil, Tazrouts, Ikoussa et quasiment tous les villages situés en amont du CW 251 ont passé la nuit dehors. À noter que des dégâts de même nature ont été enregistrés dans les communes d'Ath Zikki, d'Idjeur et d'Illoula Oumalou ainsi que celle d'Ifigha, dans la daïra d'Azazga.