Le symposium sur le théâtre algérien a pris fin avant-hier au TNA, au terme de trois jours d'interventions, d'analyses et de débats. Les axes de cette dernière journée étaient consacrés à la critique théâtrale et à la réception du public de quelques œuvres de ces dernières années. Dans son intervention, Hamid Alaoui, critique et professeur de langue arabe, a mis en exergue l'expérience de deux dramaturges que sont Ahmed Rezzak et Mohamed Charchal. Dans le conformisme ambiant, ces deux dramaturges innovent avec des pièces comme Torchaka d'Ahmed Rezzak et Ma bqat hadra de Charchal. Alors, comment la critique et le public ont-ils reçu ces deux œuvres ? Selon Alaoui, le public, et contrairement à ce que l'on pourrait penser, participe activement à l'orientation et à la prestation des comédiens. Ces derniers peuvent percevoir des signes révélateurs ; il est soit réceptif ou, au contraire, hermétique à ce qui lui est présenté. Dans ce cas, les comédiens peuvent improviser et l'amener à reprendre le fil de la représentation. Ahmed Rezzak, et le très remarqué Torchaka, est la preuve d'un dramaturge qui connaît son public sur le bout des doigts. "Il a fait un travail remarquable sur les détails, l'écriture et la mise en scène." Selon Alaoui, Rezzak veut s'adresser à ses compatriotes avec des référents et une sémiologie qui lui sont propres, dans une démarche qui s'apparente à un exercice cathartique où il reconstitue son quotidien et sa réalité. Le cas de Mohamed Charchal est particulier dans le contexte théâtral algérien. Sa pièce GPS, qui se distingue par l'absence de dialogue, a pourtant fait grand bruit à sa première représentation. À ce propos, Alaoui affirme : "Il a une très grande conscience de ce qu'il présente à son public. Il porte une attention particulière aux détails. Avec Rezzak, ils ont une conception très particulière de leur spectateur, son horizon d'attente. Il est exigeant, attentif aux détails." Par ailleurs, l'intervenant a préconisé à la presse et à la critique théâtrale de ne plus se fier au nombre de spectateurs pour juger de la qualité d'un spectacle. Le nombre étant un indicateur bien souvent trompeur. Au dernier du symposium, d'autres intervenants se sont succédé sur les planches du mythique théâtre algérois, à l'instar d'Ahmed Cheniki, de Mohamed Boukerras et de Abdelkader Belkouri, autour des thématiques "Le théâtre pour enfants" et "L'influence de la législation, des institutions et des festivals sur le théâtre algériens". À noter que le symposium a été organisé par le Théâtre national algérien et l'Institut du théâtre arabe du 12 au 14 décembre. Il a ouvert le débat sur la genèse du 4e art algérien, son évolution et ses défis au travers de nombreuses thématiques.