Trois migrants sont morts après avoir été tabassés par des gardiens, dans des pièces où ils sont entassés par centaines, dans un contexte de pandémie de coronavirus, sans la moindre possibilité de contester leur détention. Des centaines de migrants, en majorité des Ethiopiens, sont actuellement détenus en Arabie Saoudite dans des centres où ils vivent dans des "conditions inhumaines et dégradantes", a dénoncé hier l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un long communiqué épinglant Ryad pour "mauvais traitements" sur cette catégorie de gens vulnérable. "Un centre d'expulsion à Riyad héberge des centaines de travailleurs migrants, pour la plupart éthiopiens, dans des conditions si dégradantes qu'elles constituent des mauvais traitements", affirme l'ONG, rapportant que les migrants interrogés affirment qu'ils étaient "détenus dans des pièces extrêmement surpeuplées pendant de longues périodes et (que) les gardiens les avaient torturés et battus avec des tiges de métal recouvertes de caoutchouc, ce qui a conduit à au moins trois allégations de décès en détention entre octobre et novembre", ajoute ce communiqué. "L'Arabie Saoudite, l'un des pays les plus riches du monde, n'a aucune excuse pour détenir des travailleurs migrants dans des conditions épouvantables, au milieu d'une pandémie de santé, pendant des mois", a déclaré Nadia Hardman, chercheuse sur les droits des réfugiés et des migrants à HRW. "Les séquences vidéo de personnes entassées, les allégations de torture et d'homicides illégaux sont choquantes, tout comme l'apparente réticence des autorités à faire quoi que ce soit pour enquêter sur les conditions d'abus et demander des comptes aux responsables", a-t-elle ajouté. "Toutes les personnes interrogées ont déclaré que les autorités saoudiennes les avaient gardées dans des pièces exiguës et insalubres avec jusqu'à 350 autres migrants pendant des mois", a ajouté HRW, citant des témoins joints par téléphone et en s'appuyant sur des vidéos plus que choquantes sur le drame des migrants, dont certains sont détenus depuis plus d'un an. Et gare à celui qui demanderait à se faire soigner ou l'accès à un minimum de conditions d'accueil dans ces centres, où salubrités, promiscuité, manque d'eau et manque de nourriture vont ensemble avec tabassage et tortures allant jusqu'au meurtres, sans que personne puisse intervenir. En "2014, des ressortissants éthiopiens de la capitale saoudienne, Riyad, ont déclaré à HRW que des milliers de travailleurs étrangers étaient détenus dans des centres de détention de fortune sans nourriture ni abris adéquats, avant d'être expulsés", rappelle l'ONU, soulignant que les choses n'ont pas évolué, pour ne pas dire empiré. Car, "en 2019, HRW a identifié une dizaine de prisons et centres de détention où des migrants ont été détenus pendant différentes périodes". C'est le cas aussi l'été dernier, durant lequel l'ONG affirme avoir "identifié trois centres de détention à Jizan et dans la province de Djeddah, où des milliers de migrants éthiopiens étaient détenus dans des conditions déplorables depuis qu'ils ont été expulsés du nord du Yémen en avril". Pour rappel, l'Arabie Saoudite n'a ratifié aucune des deux Conventions internationales sur les réfugiés (1951) et sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles (1990). Ainsi, le Haut-Commissariat des Nations unies (HCR) aux réfugiés ne peut donc avoir accès pour accomplir sa mission dans ce pays, où les droits de l'homme sont loin d'être la première priorité du royaume.