Un tour au cœur de la ville nous a fait connaître ces quelques personnes qui œuvrent à construire de petits ponts pour relier le citoyen lambda à sa culture, faite de livres, de tableaux de peinture, de photographies, de poésie et d'autres arts enrichissants et salvateurs. En ces temps pandémiques où il ne fait plus bon vivre tant la situation semble alarmante et les gens paraissent noyés dans les soucis de leur quotidien, il y a des personnes optimistes et chevronnées qui continuent de semer le beau, de susciter l'intérêt et de redynamiser un tant soit peu un secteur en hibernation depuis quelques mois. Un tour à Biskra, reine des Zibans, nous fait connaître quelques-unes qui, telles des fourmis ouvrières, œuvrent à construire de petits ponts pour relier le citoyen lambda à sa culture, faite de livres, de tableaux de peinture, de photographies, de poésie et d'autres arts enrichissants et salvateurs. Le directeur de la maison de la culture Ahmed-Réda-Houhou en fait partie. Depuis sa nomination à la tête de ce bel espace historique, Benaïssa Morad n'a eu de cesse de multiplier les expositions, les rencontres culturelles, les cafés littéraires, les lectures poétiques... et ce, afin de redonner vie à ce lieu, témoin d'une longue histoire. Une dynamique culturelle participative Ces activités, nous confiera-t-il, sont une manière d'encourager les artistes et les citoyens à pousser la porte de cet endroit, à s'approprier le lieu et à se considérer partie prenante de cette dynamique culturelle qui est l'affaire de tous. Certes, la situation pandémique ambiante a quelque peu freiné cette énergie, mais les activités reprennent peu à peu selon les exigences requises actuellement. Début décembre, la maison de la culture a abrité une belle exposition de Salim Bouhali intitulée Lumières du Sud, dans laquelle ce natif d'El-Kantara y a dévoilé un talent certain puisé dans sa belle région natale, qui lui a soufflé son inspiration pour nous donner à voir de belles œuvres oscillant entre le figuratif et l'abstrait. Et, actuellement, une autre exposition du jeune Laala Hacene Eddine y est proposée. Mais, indépendamment de ce qui s'y déroule comme activités culturelles, il n'en demeure pas moins que cette belle bâtisse historique est, à elle seule, un véritable monument architectural à visiter, tout comme beaucoup de sites existant mais dépérissant dans ce lieu féerique qu'est Biskra, qui mérite plus d'intérêt de la part des responsables locaux des secteurs, aussi bien culturel que touristique. Mais, en attendant que les "officiels" bougent, des citoyens consciencieux et alarmés par cette décadence vertigineuse tentent de palier le manquement en prenant à cœur ce volet culturel qui les passionne tant. Une ville historique délaissée Mohamed Slimani, président de l'association Mosaïque, créée en 2016, avec comme objectifs "le développement, la promotion et la sauvegarde des référents et richesses culturels de la wilaya de Biskra", en est un bel exemple. Rencontré sur les lieux, il nous en dit long sur les trésors cachés de cette ville qui regorge d'Histoire, mais dont très peu de responsables se soucient vraiment, telle justement "cette maison de la Culture qui était en fait le Palace Hotel qui a vu défiler de grandes figures historiques et qui devrait figurer dans les sites touristiques à visiter, tout comme le Casino mitoyen, complètement abandonné et qui risque la ruine". Mais faudrait-il d'abord avoir un tourisme prospère. Amoureux de Biskra et de son histoire, M. Slimani nous fera visiter une belle maison qui abritait l'Ecole des beaux-Arts et qui se voit aujourd'hui squattée par une administration bien loin d'en préserver la beauté que tentent malgré tout de protéger quelques artistes, dont le talentueux Mohdeb Larbi. Ce professeur et artiste dans l'âme en a fait son havre de paix et son paradis terrestre. Il nous dévoilera quelques-unes de ses créations artistiques et fièrement celles de ses élèves doués et prometteurs et nous confiera ses projets d'exposition futurs, non sans évoquer avec peine le cas du Jardin Landon qui, lui aussi, connaît une situation alarmante et une mainmise qui ne dit pas son nom. Il s'agit là de Biskra et de certaines de ses richesses, comme il peut s'agir de nombreuses autres villes d'Algérie aux trésors abandonnés et d'une valeur inestimable...