Les attentats meurtriers, qui ont fait au moins 26 morts et 101 blessés samedi sur l'île indonésienne de Bali, ont été unanimement condamnés par le monde entier qui a exprimé son soutien à Jakarta dans sa lutte contre l'islamisme radical. Le président indonésien devait, en effet, déclarer, avec force, tout de suite après les attentats, sa détermination à éradiquer le terrorisme qui frappe son pays et dont les cibles touristiques visent à mettre à genoux son économie. Les grandes capitales occidentales ont assuré, illico presto, le président Yudhoyono de leur sympathie dans l'épreuve et surtout de leur solidarité dans sa lutte anti-terroriste. Pour sa part, le SG de l'Onu, Kofi Annan, qui a vivement condamné les attentats, s'est déclaré atterré que Bali soit à nouveau la cible des terroristes, après les attentats islamistes d'octobre 2002, qui avaient fait 202 morts, principalement des touristes étrangers et dont les auteurs courent toujours, selon le porte- parole de la diplomatie indonésienne. Ces attentats, ainsi que tous ceux qui l'ont précédé, sont imputés à des activistes islamistes membres présumés de la Jamaâ islamiya, réputée proche d'Al Qaïda. Alors que pour un expert du terrorisme, seul ce réseau est capable d'organiser des attentats dans l'archipel, le ministre australien des Affaires étrangères, dont les ressortissants figurent toujours parmi les victimes d'attentats en Indonésie, entretien lui aussi le flou en déclarant, à propos des violences qui ont secoué pour la deuxième fois Bali, qu'il s'agit, pratiquement avec certitude, d'une attaque terroriste et qu'on ne peut penser qu'il s'agit d'une attaque menée par une organisation comme la Jamaâ islamiya ! Il a même souligné qu'il n'y avait pour l'instant aucune preuve et que ces attentats n'avaient pour l'heure pas été revendiqués. Pourtant, les attentats commis en Indonésie ont été imputés, ces deux dernières années, à cette organisation. Le 3 mars 2005, le sulfureux chef religieux indonésien, Abou Bakar Bachir, a été condamné à deux ans et demi de prison ferme pour son rôle en tant qu'idéologue de l'islamisme radical indonésien. Plus de trente autres personnes ont été condamnées pour ces mêmes attentats, dont trois à la peine capitale. L'image de ces condamnés à mort accueillant leur condamnation avec bonheur, au motif que c'est un sacrifice pour le jihad, avait fait le tour du monde. Malgré cela, l'Indonésie reste une cible privilégiée de l'islamisme, ne serait-ce qu'en tant premier pays musulman au monde, par sa population. C'est également un pays entièrement ouvert sur l'étranger, grâce à ses sites touristiques paradisiaques. L'islamisme frappe en priorité les touristes, dans leurs hôtels, dans les discothèques, bars et restaurants ou tout simplement sur les voies qu'ils empruntent, dans l'espoir de voir s'établir un véritable embargo sur le pouvoir, accusé par ses mentors de taghouts. La capitale n'est pas épargnée. Le 9 septembre 2004, un attentat-suicide à la voiture piégée contre l'ambassade d'Australie dont les ressortissants affectionnent l'Indonésie. Quelques semaines plutôt, un fourgon piégé contre l'hôtel américain Marriot, au centre de Djakarta, faisait 12 morts et quelque 150 blessés. Lorsque les cibles sont indonésiennes, c'est généralement dans des lieux où les tensions confessionnelles sont fréquentes. Notamment dans le sud de l'indonésien, des îles à majorité chrétienne. Même leurs lieux de culte ne sont pas épargnés. D. Bouatta