Les autorités indonésiennes refusent cependant de lier cette offensive à la visite de M.Obama, attendu avec sa famille du 20 au 22 mars dans le pays où il a passé une partie de sa jeunesse. L'Indonésie a marqué des points dans sa lutte contre les mouvements islamiques radicaux en tuant l'un de leurs leaders présumés à quelques jours de la visite attendue de Barack Obama dans le plus grand pays musulman du monde. Le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, a confirmé hier la mort de Dulmatin, tué la veille par les forces anti-terroristes près de Jakarta. Cet expert en explosifs formé en Afghanistan, âgé de 39 ans, était l'un des hommes les plus recherchés d'Asie du Sud-Est. Il est notamment soupçonné d'être l'un des cerveaux des attentats ayant tué 202 personnes, dont de nombreux touristes étrangers, en 2002 sur l'île touristique de Bali. Sa mort est «une victoire importante dans la lutte contre le terrorisme en Asie», a commenté Rohan Gunaratna, un expert basé à Singapour. Elle démontre, selon lui, la persistance des efforts menés par l'Indonésie pour combattre une menace difficile à éradiquer en raison de son éclatement opérationnel et géographique, entre la Malaisie, l'Indonésie et les Philippines, notamment. La localisation de Dulmatin, qui aurait passé plusieurs années dans le sud des Philippines, fait suite à une série de raids policiers menés à Aceh, une province du nord de l'île indonésienne de Sumatra où a été découvert, le 22 février, un camp d'entraînement clandestin. 28 militants présumés ont depuis été arrêtés tandis que huit personnes, dont trois membres des forces de l'ordre, ont été tuées au cours des opérations. Les autorités indonésiennes refusent cependant de lier cette offensive à la visite de M.Obama, attendu avec sa famille du 20 au 22 mars dans le pays où il a passé une partie de sa jeunesse. Mais certains experts estiment qu'elle tombe à pic pour permettre à Jakarta de démontrer sa fermeté contre le terrorisme après les doutes soulevés par l'attentat meurtrier ayant visé deux hôtels de luxe de la capitale, en juillet 2009. Cette double attaque suicide, qui a tué neuf personnes, était le premier acte terroriste à frapper le pays depuis 2005. «Les Etats-Unis connaissent la situation sécuritaire de tous les pays. S'ils pensaient qu'elle n'était pas sûre (en Indonésie), ils ne laisseraient pas le président venir», souligne John Harrison, professeur à l'université Nanyang de Singapour. En visite hier en Australie, le président Yudhoyono a réaffirmé sa détermination «à traquer» les terroristes et «à faire tout ce qui était possible pour les empêcher de frapper». Pour Noor Huda Ismaïl, un expert indonésien, la menace ne va pas disparaître malgré les sévères coups portés à la Jemaah Islamiyah (JI), le réseau radical lié à Al Qaîda auquel a été attribuée la série d'attentats sanglants du début de la décennie 2000. Après la mort de Dulmatin, l'un de ses derniers leaders historiques encore en fuite, la JI semble «fortement diminuée», estime-t-il. Mais le risque réside dans «l'émergence, dans son sillage, de groupuscules autonomes». Des dizaines d'armes, de munitions ainsi que des détonateurs ont été saisis au cours des raids de ces derniers jours, a annoncé hier le chef de la police indonésienne, Bambang Hendarso Danuri.